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Le lancement de l’opération d’inscription et d’enrôlement des électeurs dans la première aire opérationnelle (AO1) le samedi 24 décembre a révélé, au-delà des simples failles techniques, l’impréparation du processus électoral en cours et surtout la volonté du leadership de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de sacrifier les électeurs de certaines provinces moins favorables au régime Tshisekedi.

Selon des indiscrétions, les aspects techniques ont été sacrifiés depuis Séoul où les machines ont été montées à l’exclusion des développeurs de la Céni, membres du Centre national de traitement (Cnt). Ces derniers auraient finalement été appelés à la rescousse au lendemain des critiques portant notamment sur la qualité de la carte d’électeur. Ils ont constaté plusieurs erreurs dont les corrections ne seront efficacement apportées que pour la deuxième aire opérationnelle.

Et donc la première aire opérationnelle constituée de dix provinces (trois issues du grand Bandundu « fief favorable à Muzito et Fayulu », six du grand Equateur et Kinshasa  » où les voix sont souvent dispersées entre différents leaders congolais ») sert finalement de phase pilote. En 2016, seul le Nord Ubangi avait été retenu comme province pilote, en partant de la ville de Gbadolite. Et la Céni y avait déployé une équipe importante dont des membres du bureau et les compétences nécessaires puisées au secrétariat exécutif national pour s’assurer du succès de l’opération qui avait duré deux mois.

Les échéances étant fixées en terme de semaine pour l’enrôlement des électeurs cette fois-ci, les corrections à apporter aux procédures, chemin faisant, sont plus difficiles compte tenu des distances, de l’état des voies de communication et de la connexion. Les premières statistiques disponibles de l’opération d’enrôlement faisant état de plus d’un million d’enrôlés en dix jours expriment bien les difficultés sur terrain et la précipitation qui caractérise la conduite des affaires à la centrale électorale.

Du point de vue de la sensibilisation également, la première aire opérationnelle semble être abandonnée. Les acteurs politiques n’ayant disposé qu’en réalité de deux semaines pour inviter la population à aller se faire enrôler. Comment sensibiliser lorsque soi-même on ne maîtrise pas les tenants et les aboutissants de la chose? N’aurait-il pas fallu qu’ils intègrent eux-mêmes les principes avant de les partager avec les autres? Les cadres de concertation ont fait défaut et les opportunités ont été gâchées. En plus, ni la Céni, ni les partenaires n’ont disposé des fonds nécessaires pour la sensibilisation de la population dans la première aire opérationnelle.

Les chiffres de la première aire opérationnelle

La phase 1 de l’enrôlement des électeurs en RDC concerne dix provinces qui représentent 38% du fichier électoral de 2018. Il s’agit, selon le découpage des aires opérationnelles, de la partie la plus importante du territoire national en terme d’électeurs. L’ensemble de provinces retenues avait totalisé pour les élections de 2018 plus de 15 millions d’électeurs représentant 190 sièges à l’Assemblée nationale. Dix provinces sur les vingt-six que compte la RDC, hormis la diaspora. La deuxième aire opérationnelle représente, toujours selon le fichier électoral de 2018, 33% de l’électorat.

D’une manière générale, c’est un peu plus de 11 800 kits déployés sur l’AO1 dont plus de 2500 kits pour la ville de Kinshasa. C’est également plus ou moins un million de personnes enrôlées au terme de dix premiers jours de l’opération soit, à proportion égale, plus ou moins 85 enrôlés par province.
C’est enfin une capacité prévisionnelle d’absorption par machine fixée à 65 électeurs. Or, la réalité contraste avec ces chiffres car la moyenne se situerait, dans la première aire opérationnelle autour de 35 à 40 enrôlés par jour par machine. Le record atteint par jour par machine est, selon des indiscrétions, de 107 enrôlés. A inscrire parmi les exceptions!

La course contre la montre

La centrale électorale, loin de veiller au bon déroulement des opérations, dont celle en cours, semble être guidée, une fois de plus, par le fétichisme de la date. Tenir à tout prix les délais même si l’on a pleinement conscience que le professionnalisme n’y est pas et la qualité laisse à désirer. Première échéance à tenir, la session de mars 2023 pour l’adoption de l’annexe de la loi sur la répartition des sièges. D’où la réduction du temps imparti à l’enrôlement des électeurs afin d’assurer la transmission des éléments nécessaires au Parlement avant la fin de ladite session. Le traitement de ce dossier en session extraordinaire pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur la suite du processus électoral.

Pourtant, des étapes importantes telles que l’audit interne et externe du fichier électoral (durée globale estimée à plus ou moins un mois) risquent d’être bâclées au point de mettre l’eau au moulin de la contestation et de surchauffer les esprits sur la scène politique. Or, la bonne conduite de ces étapes impliquerait la convocation d’une session extraordinaire afin de permettre aux deux chambres du Parlement d’examiner et d’adopter l’annexe de la loi portant répartition des sièges.

Espérons que tout cela n’impacte pas sur le calendrier électoral…

JTI

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