Elles sont nombreuses à recouvrer leur liberté, des otages des Forces démocratiques alliées (ADF) à retourner à leur vie d’avant. Mariées de force puis répudiées, cependant ces femmes ne font pas montre de résilience.
La plupart d’entre elles demeurent dans la phase de blocage et, par conséquent, éprouvent des difficultés à reprendre leur vie en main. Elles gardent encore le traumatisme de leur passé sombre aux côtés de leurs bourreaux.
(Reportage de Delphin Mupanda)
C’est le cas de Mademoiselle Kasindi (nom d’emprunt) que nous avons rencontrée chez elle en train de nettoyer la vaisselle pendant que ses amies apprenaient leurs leçons à l’école. Agée de 22 ans, elle s’est désolidarisée de son entourage après avoir pris la ferme résolution d’abandonner ses études pour ne pas devenir la risée des autres élèves et membres de la communauté. Elle garde encore des séquelles de la vie menée durant près de 6 mois en brousse avec les ADF d’où elle a été forcée au mariage avec un membre de ce groupe armé, qui l’avait enlevée au champ lors d’une attaque qui l’a séparée de sa famille.
De même, madame Butembo enceinte, a été enlevée au champ par les assaillants en présence de son mari et d’autres personnes. Après 3 mois de captivité, elle est parvenue à s’échapper avec l’aide d’un autre combattant. Arrivée dans son foyer, son mari l’a répudiée. Elle n’a pas eu d’autres choix que de retourner sous le toit paternel.
Ces jours-ci, elle vit avec son bébé dans le salon de sa sœur sans avoir les nouvelles du père de son fils. Elle a du mal à s’intégrer socialement et économiquement dans la communauté.
Elles sont nombreuses à Beni, ces femmes associées au groupe armé ADF en quête d’un accompagnement psychologique et socioéconomique mais sans succès, regrette Noëlla Katongerwaki, coordinatrice du Collectif d’action des femmes pour les vulnérables (CAFVU). Cette organisation essaie d’encadrer certaines des victimes mais sans arriver au bout de leurs besoins.
Depuis près d’une décennie, les régions de Beni et Irumu vivent les atrocités des ADF. D’après les rapports de plusieurs organisations, les femmes et les enfants fragiles, en sont les plus vulnérables.