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Les autorités sanitaires alertent sur l’insuffisance des banques de sang dans les zones de santé du territoire de Beni (Nord-Kivu). Une zone pourtant en proie à l’insécurité permanente qui enregistre un nombre sans cesse croissant de victimes et sujette à des maladies fréquentes.

D’après le centre provincial de transfusion sanguine qui éprouve des difficultés à répondre aux besoins des structures sanitaires, la carence en sang est une conséquence de la réticence de donneurs bénévoles et des soucis d’ordre logistique.

Afin d’y remédier, certaines structures recourent à la transfusion sanguine à chaud, sans aucune analyse sanitaire, avec le risque élevé de transmission des maladies au bénéficiaire, déplore le docteur Vianney Kambere, responsable du centre provincial de transfusion sanguine.

« L’insécurité est monnaie courante ici à Beni. Il y a des cas de blessures causées par balle ou arme blanche qui nécessitent des transfusions secondaires, des victimes viennent avec des cas d’anémies après avoir perdu beaucoup de sang”. Cependant, poursuis le docteur Kambere, ”nous avons des contrées, des zones de santé entières où il n’y a pas de banques de sang jusqu’à ce jour… et là vous en trouvez, celle-ci ne couvrent pas les besoins à 100 %. Toute la zone de santé d’Oicha n’a qu’une seule banque de sang. Imaginez la personne qui se retrouverait à Eringeti avec toutes les affres que nous connaissons qui se passent de ce côté-là, tous les blessés qui sont là reçoivent du sang… et Dieu seul sait la qualité du produit sanguin qu’ils reçoivent. C’est-à-dire, on y réalise des transfusions à chaud. Or quand on transfuse quelqu’un, c’est une greffe des tissus qui se fait et lorsqu’on n’a pas bien analysé, les gens se transmettent des maladies et c’est très dommage », regrette-t-il.

Faible mobilisation des donneurs

En dehors des difficultés d’ordre logistique, nombreuses personnes, pour une raison ou une autre, restent réticentes au don de sang.

Esdras Katembo Mbayahi, donneur de sang depuis 10 ans, témoigne de son bénévolat et appelle la communauté à se mobiliser pour le don de sang afin de sauver des vies.

« C’est depuis 10 ans que je donne régulièrement le sang après chaque 3 mois. Je me sens bien et il n’y a aucun problème, et il y a la joie à sauver des vies. Je dépose le sang parce qu’il y aura quelqu’un qui en aura besoin. Et surtout que des cas d’accidents, de massacres et autres problèmes de santé nécessitent du sang. Donc plusieurs qui hésitent encore à donner, je les invite à se libérer. Si vous vous aimez, il faut aimer aussi les autres. Or, quand vous donnez votre sang, ça, c’est l’amour », a-t-il lancé.

La sensibilisation en difficulté

Les quelques organisations des donneurs bénévoles de sang sont aussi confrontées à des difficultés de sensibilisation dans la zone. Ce qui entraîne le dysfonctionnement de l’opération d’approvisionnement en sang, explique Trésor Bahati, coordonnateur de l’Association de donneurs bénévoles de sang pour tous à Beni.

« Dans la communauté ou dans la population, ce qui est important, c’est la vulgarisation du message. Donc c’est être en contact avec la population. Il s’agit de la sensibilisation directe donc vous abordez la personne directement. Nous faisons de la sensibilisation dans des écoles, des églises, des universités et des institutions supérieures parce qu’ils nous aident aussi à récolter le sang afin d’approvisionner la banque de sang ».

Lors des attaques des groupes armés et dans des affrontements avec les Forces armées congolaises, certaines personnes s’en sortent avec des blessures graves nécessitant le renfort en sang.

Delphin Mupanda (Correspondant au Nord-Kivu)

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