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Fleuve Congo : les provinces de Kinshasa, de la Mongala, de l’Ituri et de l’Équateur sous les eaux

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Les pluies torrentielles en amont du fleuve Congo et les crues exceptionnelles du cours d’eau affectent aujourd’hui une grande partie de la République démocratique du Congo. Des graves inondations ont entraîné des destructions dans plusieurs provinces du pays, dont Kinshasa, Mongala, Ituri et Équateur.

Malheureusement, cette liste devrait s’allonger très rapidement, en raison des sites menacés tout le long du fleuve Congo. Conséquence directe des changements climatiques, la crue exceptionnelle de plus de 6 m du fleuve Congo a également provoqué des inondations dans plusieurs quartiers de Kinshasa, dont Kingabwa, Ndolo, Masina et Kinsuka.

Au quartier Kinsuka, non loin du terminus Pompage, dans la commune de Ngaliema, l’avenue Molokai est située dans une zone classée « inondable ». Cette artère, qui compte plus d’une trentaine de maisons d’habitation, est totalement engloutie par les eaux et le sable provenant de la rivière Lukunga. Juste à quelques mètres de Molokai, le pont jeté sur l’avenue de l’école, non loin de la société Carrigres, est aussi totalement englouti. Pour passer d’un point à un autre du tronçon, les usagers étaient transportés sur le dos. Aujourd’hui, il devient difficile de traverser ce tronçon à pied, même pour ces « transporteurs » assez particuliers. Depuis quelques jours, les usagers traversent par… pirogue. Tous les véhicules venant des quartiers populeux de Mbudi ou Mazal ne peuvent qu’emprunter le saut-de-mouton, ou faire un long détour vers Ozone. Des embouteillages monstres reviennent en force jusqu’aux heures avancées de la nuit. Sur l’avenue tourisme, tous les petits restaurants de fortune en bordure du fleuve, très appréciés des vacanciers, sont complètement inondés. Le pont qui conduit à la carrière de Ledya a disparu du paysage. A cela, il faut ajouter l’inondation de tous les sites touristiques qui ont bâti la réputation du célèbre quartier Mbudi.

Le même phénomène est signalé à Kingabwa, une autre zone inondable, mais également dans d’autres quartiers riverains de la Ville de Kinshasa. Au total, la capitale congolaise est traversée par une vingtaine de rivières, responsables d’inondations régulières à cause d’une mauvaise urbanisation. « Le silence assourdissant de l’autorité urbaine inquiète forcément. Des quartiers entiers disparaissent sous les eaux, les habitants vivent dans des conditions sanitaires effroyables avec les eaux stagnantes infectées, les immondices et toutes formes de déchets, la Ville donne l’impression de n’avoir jamais songé à une politique d’anticipation pour gérer ce genre de cas », explique un habitant. Face à la colère de la nature, on n’y peut rien, dirait-on. « Mais la Ville a eu soixante ans pour réfléchir sur un plan de gestion d’une crise de cette ampleur », poursuit-il. En effet, le même fleuve est sorti de son lit le 17 décembre 1961, au niveau du port de Kinshasa. Le cours d’eau est monté à 6,26 m au-dessus du niveau moyen de la mer, soit sa montée maximale historique. Si aujourd’hui on estime la crue à 6,05 m, les indiscrétions de la Régie des voies fluviales (RVF) révèlent que le fleuve Congo a atteint 8 m à Kisangani. La difficile infiltration de l’eau suite au durcissement des sols, longuement exposés à des périodes très chaudes et très sèches ainsi qu’à la déforestation, favorise le ruissellement et donc les inondations.

Selon les projections du Groupe de la Banque mondiale, des conditions invivables vont contribuer au déplacement massif des populations, 113 millions de personnes d’ici à 2050.

 

Laurent Ifayemba

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