Malgré l’interdiction formelle de circuler, de stationner et d’exploiter le transport par taxi-motos dans la commune de la Gombe — considérée comme le poumon économique de Kinshasa — les motocyclistes, communément appelés « wewas », continuent d’y circuler en toute liberté. Et ce, malgré la présence sporadique de quelques agents de l’ordre, visiblement dépassés par l’ampleur du phénomène.
Le long du boulevard du 30 Juin, plusieurs motards stationnent calmement leurs engins, de l’avenue République du Tchad, à hauteur de l’arrêt Vodacom, jusqu’au croisement des avenues Kasaï et du boulevard. Une scène qui contraste avec la fermeté annoncée par les autorités provinciales.
Sur place, certains conducteurs revendiquent ouvertement leur défiance.
« Combien d’arrêts ont été construits dans la ville de Kinshasa ? Nous allons stationner ici, nous n’irons nulle part », lance l’un d’eux, installé sur le boulevard du 30 Juin.
Au rond-point Huilerie, d’autres continuent d’interpeller les passants : « Papa, maman, ozali kokende Gombe ? » (Papa, maman, vous allez à la Gombe ?).
Interrogé sur cette désobéissance assumée, un motocycliste se montre encore plus catégorique :
« On s’en fout de ces mesures prises par le ministre provincial. Nous allons circuler, qu’ils viennent nous arrêter. De toute façon, il ne nous fera rien. Ce n’est pas la première fois qu’une telle décision est prise », lâche-t-il, convaincu de l’inefficacité de l’application de la mesure.
Ce rappel n’est pas sans fondement. En 2024 déjà, le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Peter Kazadi, avait pris une décision similaire, dans le contexte de manifestations visant certaines ambassades et représentations diplomatiques. Malgré le tumulte qui avait suivi, l’interdiction n’avait jamais été strictement appliquée.
Aujourd’hui, l’opinion publique s’interroge sur la capacité réelle du ministre provincial des Transports à faire respecter cette nouvelle décision, ainsi que sur les mécanismes de contrôle prévus pour son exécution. Plus inquiétant encore, plusieurs témoignages rapportent que certains motards en circulation à la Gombe seraient des militaires ou des policiers — souvent cités parmi les premiers à bafouer les mesures des autorités.
Cette situation met en lumière les limites de l’autorité publique face à l’indiscipline routière et relance le débat sur l’urgence d’un contrôle rigoureux et équitable pour restaurer l’ordre dans cette commune stratégique de la capitale, véritable porte d’entrée et de sortie du pays.
Joslin Lomba















