La société civile de Beni, en province du Nord-Kivu, a déjà commencé à rassembler les preuves pour un éventuel procès spécial en faveur de victimes des massacres de Beni et Ituri.
C’est depuis 2012 que la région de Beni enregistre des atrocités commises par les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé d’origine Ougandaise affilié à l’État islamique selon les autorités congolaises et l’ONU. Des civils sont tués presque chaque jour, des disparus, des villages pillés et incendiés, mais des statistiques ne sont pas formellement établies. Mais lors de la commémoration du Genocost, la société civile a évoqué un chiffre estimatif d’environ 7 000 morts.
La documentation des crimes et le rassemblement des preuves sont faits dans l’espoir d’obtenir justice en faveur des victimes. Maître Paulin Muliro, Secrétaire exécutif du Collectif des associations de droits de l’homme (CADHO), indique que la mise en place d’un tribunal spécial pour la RDC passe aussi par la volonté politique de ses autorités.
« Le conseil de sécurité a le monopole, à travers sa décision qu’on appelle résolution, d’instituer un tribunal spécial pour la RDC, comme ça s’est passé au Rwanda et ailleurs. C’est aussi l’une des demandes de la société civile, mais il fallait que cela soit accompagné par la volonté politique parce que parmi les personnes qu’on peut citer criminels, il y a aussi des congolais. Ils sont malheureusement en train de jouir encore au pouvoir aujourd’hui », a-t-il expliqué.
Les organisations de la société civile ont mis en place une base des données régulièrement mise à jour pour constituer des preuves précises. Ce défenseur des droits de l’homme appelle la population à coopérer et collaborer avec les chercheurs de ces cas, notamment en dénonçant tous les cas auprès de la société civile.
« Pour ne pas nous surprendre, nous devons avoir des éléments. On a mis en place une base des données. Chaque mois nous faisons le toilettage des données et nous sommes en train d’identifier d’autres cas pour éviter le dédoublement des cas et pour bien cartographier les faits. Si la population se tait, automatiquement, nous risquons de ne pas avoir des éléments lorsque le procès sera organisé », a renchéri Maître Paulin Muliro.
Les atrocités vécues dans les territoires de Beni et Lubero en province du Nord-Kivu et en territoire de Mambasa et Irumu en Ituri, attribuées aux ADF sont souvent qualifiées de terrorisme.
Le 21 août de chaque année, on commémore la Journée internationale du souvenir en hommage aux victimes du terrorisme. Cette journée a été instituée en 2017 par la résolution 72/165 de l’Assemblée générale des Nations-Unies. C’est dans l’objectif d’honorer et de soutenir les victimes et les survivants du terrorisme et de promouvoir et protéger le plein exercice de leurs libertés et de leurs droits fondamentaux.
D’après l’ONU, des actes de terrorisme propageant un ensemble d’idéologies haineuses continuent de blesser, de nuire et de tuer des milliers d’innocents chaque année. Les victimes et les survivants du terrorisme doivent trop souvent lutter pour faire entendre leur voix, obtenir une assistance et faire respecter leurs droits. Celles-ci se sentent en effet oubliées et négligées une fois que les conséquences immédiates d’une attaque terroriste s’estompent, ce qui peut aggraver leur traumatisme.
Certains États membres ne disposent pas de ressources et des capacités nécessaires pour répondre aux besoins des victimes du terrorisme à moyen et à long terme, ce qui rend parfois difficile leur rétablissement et leur réintégration dans la société.
Delphin Mupanda/MCP, Nord-Kivu