La problématique des limites dans le Kasaï et Kasaï central pour assurer l’appartenance de certains territoires devient de plus en plus préoccupante. Pas plus tard que dans la nuit de dimanche à lundi 29 mars, plus de 500 miliciens ont brûlé, lors de leur passage dans les villages Mulanga, Barua et Faka, territoire de Mweka, 34 cases et un centre de santé.
Une situation facilitée par ce énième affrontement entre le peuple Luba et Kuba, dans le Kasaï, dont le bilan provisoire fait état de plusieurs blessés par balles et armes blanches. Et une femme de plus de quatre-vingts ans est morte calcinée dans sa case, rapporte le porte-parole du gouvernement provincial, à Media Congo Press (MCP).
D’après Jacob Pembe Longo, la situation a dégénéré lorsqu’”une femme lubaphone qui vit en union libre avec un homme Kuba est allée récupérer son assistance en cash auprès du Pam. Son amant, un habitant du village de Muange en territoire de Mweka, a confisqué cet argent. Mécontente, la femme est allée se plaindre auprès du responsable local des FARDC. Saisi, ce dernier a envoyé des militaires pour arrêter l’homme. Mais les membres de la famille de l’homme ont résisté. Face aux désordres, les militaires ont tiré en l’air pour disperser la foule et la tension est vite montée. Entretemps, les Kuba qui défendaient leur frère se sont attaqués aux Lubaphones proches de la femme”, rapporte-t-il.
La tension créée a permis l’incursion de plus des 500 miliciens qui ont tout incendié lors de leur passage et contrôlaient la région jusqu’au matin de ce lundi”, ajoute-t-il.
Le gouverneur du Kasaï Me Dieudonné Pieme qui condamne ces violences tout en appelant les deux peuples à cohabiter pacifiquement, pense que les tensions sont en partie liées à la non-mise en application des conclusions de l’Institut géographique du Congo sur l’appartenance de cette localité querellée entre les provinces du Kasaï et celle du Kasaï central.
En vue de trouver une solution rapide, le gouverneur du Kasaï informe avoir contacté son collègue du Kasaï central pour lui proposer de ”passer à la matérialisation des limites de nos deux territoires [Mweka/Kasaï et Demba/Kasaï Central] conformément au rapport de l’Institut géographique qui a démontré que Bakuakenge est une localité du Kasaï ». Des conclusions que réfutent certains acteurs politiques du Kasaï central, reconnaît le gouverneur Pieme.
« Je m’explique difficilement le fait qu’un conflit d’un couple puisse avoir des répercussions sur la cohabitation entre les Lubaphones et les Kuba. Aucun de ces deux peuples n’a le droit d’empêcher un autre de vivre à Bakuakenge », a martelé le gouverneur du Kasaï.
Henock Kavua
