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Kinshasa : les maisons construites le long de la rivière Mapenza démolies, les familles désemparées

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Les fortes pluies qui ont frappé Kinshasa au mois d’avril ont causé d’importants dégâts, tant matériels qu’humains. En réaction, l’Hôtel de ville a lancé, depuis le mercredi 14 mai 2025, une vaste opération de démolition des habitations jugées illégales, notamment celles situées le long de la rivière Mapenza, dans la commune de Kitambo.

Parmi les premières démolitions, un immeuble de six étages, construit sans autorisation près du rond-point Kintambo Magasin, a été rasé. Ce bâtiment appartiendrait à un général des Forces armées de la République démocratique du Congo. Derrière ces murs tombés, ce sont des vies entières qui basculent : des familles entières dorment désormais à la belle étoile, sans solution ni perspective immédiate.

« On casse tout, sans explication. Nous sommes nés ici. Nos parents y ont vécu et sont morts ici. Et maintenant, avec nos enfants, on ne sait plus où aller. Les locataires nous réclament leur argent, mais nous-mêmes, nous avons tout perdu. On est devenus comme des enfants de la rue », raconte Fatouma, les larmes aux yeux.

La colère monte dans le quartier. De nombreux habitants remettent en cause la manière dont la décision a été appliquée. Certains affirment ne pas avoir été informés à temps, d’autres dénoncent l’absence totale d’accompagnement ou d’indemnisation.

« Regardez nos conditions de vie. Vous jetez toute une famille dans la rue, sans aucun plan de relogement. On nous donne trois jours pour partir, parfois même pas. Il n’y a pas de dialogue, pas d’écoute. Les enfants, les personnes âgées… personne n’est épargné. Est-ce que l’État ne devrait pas être ce parent protecteur ? », déplore une mère de famille.

Plusieurs personnes assurent avoir acheté leur terrain en toute légalité, avec des documents à l’appui, datant parfois de l’époque du maréchal Mobutu.

« J’ai acheté cette parcelle en 1975, avec tous les papiers nécessaires. À l’époque, la rivière ne posait aucun problème ici. Aujourd’hui, on nous traite comme des envahisseurs. L’État est censé protéger son peuple, pas le jeter dehors. C’est une décision injuste et brutale », affirme Bruno Sido, visiblement choqué.

Du côté des autorités, le message reste ferme : les constructions anarchiques menacent l’écoulement naturel de la rivière Mapenza, ce qui aggrave les inondations à chaque saison de pluies.

« Beaucoup de maisons ont été bâties directement sur la rivière, réduisant son lit. L’eau finit par sortir de son cours et inonde tout. Pour le moment, nous démolissons ce qui est clairement illégal. Quant aux indemnisations, cela dépendra de la décision des autorités supérieures », a précisé Olivier Makaya, conseiller du ministre provincial de l’Environnement.

À Kitambo, la douleur est vive. Entre colère, incompréhension et espoir que les autorités revoient leur position, les sinistrés attendent des réponses concrètes — et humaines.

Joslin Lomba

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