La situation humanitaire reste inquiétante dans le village de Kyavinyonge, situé à 119 km au sud de la ville de Beni, chef-lieu provisoire de la province du Nord-Kivu.
Ce village, situé au bord du lac Édouard, accueille depuis une semaine plusieurs vagues de personnes déplacées de guerre, fuyant les attaques des rebelles du M23 dans les villages de Lunyassenge, Kisaka, Musenda, Nyakakoma, Vitshumbi et environs.
« Nous avons fui à partir de Kisaka. Nous avons peur du M23 qui nous inquiète. Le M23 s’est d’abord emparé du village de Kamandi où il y a eu des affrontements. Ils ont progressé vers Thalihya et Lunyassenge. Des militaires et des civils, nos enfants, ont été tués là-bas. C’est pourquoi nous avons opté de fuir aussi jusqu’ici, à Kyavinyonge. Nous nous reposons ici, mais nous restons en alerte maximale », a expliqué Kahindo Kazi, une déplacée de guerre.
Il n’y a pas que Kazi. D’après la société civile, noyau de Kyavinyonge, plus de 2 700 ménages de déplacés ont été identifiés dans la zone. Certains vivent dans des familles d’accueil, d’autres dans des églises, faute d’abris.
« Nous n’avons pas encore le nombre total de déplacés, parce qu’ils continuent d’arriver chaque jour. Mais jusqu’à présent [samedi 10 mai 2025], nous avons enregistré 2 700 ménages de déplacés internes », a indiqué Kasereka Kitehi Gerlas, vice-président de la société civile de Kyavinyonge.
Besoin d’une assistance multisectorielle
Ces personnes déplacées de guerre vivent dans une précarité alimentaire et sans produits non alimentaires. Depuis leur arrivée dans la zone, elles n’ont encore rien reçu en termes d’assistance du gouvernement congolais ou des organisations humanitaires. Ce sont les familles d’accueil qui supportent leurs charges. Ces familles vivaient également dans la précarité. La majorité d’entre elles vivent des activités de pêche dans le lac Édouard, qui connaît aujourd’hui une pénurie d’activités halieutiques.
« Kyavinyonge est en difficulté pour subvenir aux besoins de ces déplacés. Le village menait déjà lui-même une vie difficile. Il fait d’abord face au conflit avec le parc des Virunga, qui ne permet pas les activités champêtres, et ensuite, la pêche est devenue improductive sur le lac. C’est comme un misérable qui accueille aussi un autre misérable. Nous appelons le gouvernement et les humanitaires à venir en aide à ces personnes, selon leurs besoins spécifiques », a-t-il ajouté.
D’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dans la seule province du Nord-Kivu, jusqu’à un million de personnes ont été déplacées en raison du conflit en cours avec les rebelles du M23. Plus des deux tiers des déplacés internes, soit près de 4,8 millions de personnes, vivent au sein de familles d’accueil.
À mesure que la situation sécuritaire peine à se stabiliser, en particulier dans le Nord-Kivu, les déplacements deviennent de plus en plus fréquents, et les besoins humanitaires explosent.
Delphin Mupanda / MCP, Nord-Kivu