A la uneEnvironnementProvinces

Nord-Kivu : la riposte à l’épidémie d’anthrax devient compliquée dans les zones sous occupation du M23

44Views

La province du Nord-Kivu fait face aujourd’hui à une épidémie d’anthrax, appelée aussi maladie du charbon. Cette maladie, qui affecte principalement les animaux herbivores, touche également les humains. Elle est à l’origine de la mort de plusieurs animaux, y compris domestiques. Cette situation inquiète les éleveurs, qui craignent que leurs troupeaux soient dévastés par cette maladie, qui continue à se répandre, notamment dans les zones sous occupation des rebelles du M23.

Une ferme destinée à l’élevage des bovins et des caprins est située à Kabasha, à environ 19 km au sud-ouest de la ville de Beni, au nord de la province du Nord-Kivu. C’est l’une des importantes fermes de la région en termes de superficie et de population animale dans le Grand Nord.

Les vaches et les caprins qui s’y trouvent sont également menacés par l’anthrax ou épidémie de charbon, tout comme d’autres animaux vivant aux environs du parc des Virunga. Cette maladie est à l’origine de la mort de plusieurs animaux dans et autour du parc depuis bientôt deux mois, malgré les efforts sanitaires mis en place par les fermiers.

« Nous sommes en train d’apprendre l’arrivée du charbon bactérien qui tue les vaches, et même dans le parc, certains animaux sont morts. Nous sommes près du parc et nous avons peur parce que les gens traversent régulièrement notre ferme. Nous craignons que notre élevage soit dévasté par cette maladie. Que l’État nous vienne en aide, notamment en nous dotant de médicaments », s’inquiète Pakis, vétérinaire de la ferme de Kabasha.

La majorité des animaux affectés par cette maladie sont les bovins, indique le service de la pêche et de l’élevage à Beni. Le service déplore que ce ne soient pas seulement les animaux qui sont touchés, mais aussi les personnes, surtout celles qui travaillent dans les abattoirs.

« La plupart des animaux touchés par cette maladie sont les vaches et les petits ruminants, comme les chèvres. Mais il y a également plusieurs victimes humaines enregistrées dans la région. Ce sont surtout ceux qui travaillent dans des abattoirs », confirme Dimanche Chumba, l’un des responsables du service de la pêche et de l’élevage de Beni.

Il n’y a pas que Beni : d’autres cas sont notifiés dans les territoires de Lubero et de Rutshuru, aux alentours du parc des Virunga, mais dans des zones aujourd’hui sous occupation des rebelles du M23. La présence de ces rebelles risque de compromettre les efforts sanitaires pour éradiquer cette maladie. Moïse Malikidogo, acteur sociopolitique à Beni, estime que la question sanitaire devrait être le souci primordial de tous, même des dirigeants du M23.

« Nous allons demander aux autorités politico-administratives, aux autorités sanitaires et même aux dirigeants du M23 de laisser passer ceux qui viendront secourir cette population. Plus ils consomment la viande de ces animaux, plus ils sont affectés. C’est une question qui touche directement des vies humaines », a-t-il exhorté.

Depuis le 22 mars, une série de décès d’hippopotames a été signalée sur la rivière Ishasha, dans la zone de santé de Binza, la zone de santé de Nyakakoma et sur les rives du lac Édouard, dans le parc national des Virunga.

Le 29 mars, des prélèvements effectués sur de nouveaux cas de mortalité d’hippopotames ont confirmé une épizootie de fièvre charbonneuse. Du 22 mars à aujourd’hui, des décès suspects d’anthrax ont été enregistrés chez 75 hippopotames, 10 buffles et une centaine de vaches, dont certaines ont malheureusement été manipulées sans précaution ou consommées par des habitants de la région.

Il convient de préciser que le système sanitaire reste fragile au Nord-Kivu, suite à des conflits armés depuis plus d’une décennie, causant le déplacement de plus de 2 millions de personnes, confrontées à des épidémies telles que le choléra, la variole et la rougeole.

 

Delphin Mupanda/MCP, Nord-Kivu

Laisser un commentaire