La Journée nationale du Genocost a été commémorée le samedi 2 août 2025 sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo. Dans l’Est du pays, la province du Nord-Kivu a marqué cette journée en mémoire des victimes des massacres attribués aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé lié à l’État islamique.
À Beni, la commémoration a débuté par une messe de recueillement à la paroisse Notre-Dame de Guadeloupe. Un cortège de fidèles a ensuite pris part à une caravane sur le boulevard Nyamwisi. Des habitants de Butembo et de certaines localités du territoire de Lubero ont rejoint ceux de Beni pour se rendre au cimetière public de Masiani, où reposent les premières victimes des massacres en ville.
Les ADF sont accusées d’avoir tué des milliers de civils dans la région. Toutefois, peu de victimes sont officiellement identifiées ou documentées, ce qui suscite l’inquiétude des manifestants. Ces derniers ont plaidé pour l’érection d’un mémorial et une meilleure identification des victimes, afin de préserver leur mémoire et appuyer les démarches judiciaires.
« Ceux qui reposent ici ne sont qu’une partie des victimes de la barbarie des ADF. On estime à plus de 22 000 les personnes tuées depuis 2014. D’autres sont tombées sous les balles du M23 ou d’autres groupes armés. Il est urgent d’identifier toutes ces victimes, pour que, devant les instances internationales, nous puissions présenter des éléments probants », a déclaré Clovis Mutsuva, l’un des manifestants.
Selon lui, il faut aller au-delà des commémorations symboliques. « Des victimes sont enterrées dans des cimetières familiaux ou communautaires, souvent oubliées. Il est temps que les autorités s’engagent pour que cette tragédie ne se répète plus ».
« Le processus de paix ne doit pas effacer les crimes »
De son côté, Noëlla Nzala, coordonnatrice de l’organisation féminine Tendo La Roho, a insisté sur la nécessité de poursuivre les auteurs des crimes, y compris dans le contexte des négociations avec les groupes rebelles.
« Le processus de paix ne doit pas banaliser les atrocités commises. Il est impératif que les responsables soient traduits en justice, pour que les victimes soient honorées à leur juste valeur », a-t-elle affirmé.
Présent à la messe, le vice-gouverneur du Nord-Kivu, Louis-Second Karawa, a rappelé la portée symbolique et judiciaire de cette journée.
« La commémoration du Genocost n’est pas seulement un moment de recueillement. C’est un devoir de mémoire, un appel à la justice et une interpellation collective. Nous devons garantir que les auteurs des crimes, qu’ils soient congolais ou étrangers, répondent de leurs actes devant la justice nationale et internationale », a-t-il souligné.
Une journée de mémoire et de revendication
Le 2 août a été retenu comme Journée nationale du Genocost car il marque le début de la deuxième guerre du Congo en 1998. À travers cette commémoration, le pays entend reconnaître officiellement les millions de morts liés aux conflits armés, souvent alimentés par l’exploitation des ressources naturelles.
Cette journée vise à honorer la mémoire des victimes, dénoncer le silence de la communauté internationale et réclamer justice et réparations pour les crimes commis.
Delphin Mupanda / MCP, Nord-Kivu