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Jadis miroir économique devenu un camp policier : qui sauvera la FIKIN ?

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Qui sauvera la Foire Internationale de Kinshasa (FIKIN) ? La question est restée pendante sur toutes les lèvres depuis plusieurs années, au regard de l’image qu’offre cette institution foraine qui jadis, faisait la fierté du pays avec sa vocation de la vitrine économique.

La FIKIN est devenue l’ombre d’elle-même, depuis les pillages de 1991 et de 1993, sous le régime de feu Maréchal Mobutu. Tout a été saccagé et emporté dans cette entreprise placée lors de sa création en 1969, sous la tutelle de la présidence de la République. Et depuis, la FIKIN a perdu sa notoriété : tous les manèges installés au parc d’attraction ainsi que les pavillons qui servaient de cadre d’exposition, furent systématiquement détruits.

Mzee LD Kabila, artisan de la reconstruction

Il a fallu attendre l’avènement de feu Mzee LD Kabila d’heureuse mémoire, pour voir la réhabilitation de six pavillons. Après la mort de Mzee LD Kabila en 2001, le nouveau régime incarné par l’ancien Chef de l’Etat, Joseph Kabila, n’avait pas dans son programme, la réhabilitation des installations foraines.

18 ans de règne durant, Joseph Kabila et ses différents Premier ministre placés à la tête des différents gouvernements (GIZENGA, MUZITO, MATATA, Samy BADIBANGA et Bruno TDHIBALA), n’ont conjugués aucun effort supplémentaire, en vue de poursuivre l’oeuvre léguée par feu MZEE LD KABILA.

Du délabrement à l’érection d’un Camp de la police

Au mois de décembre 2018, quelques jours seulement avant la tenue des élections générales dans le pays, les éléments de la police vont débarquer nuitamment dans les installations de la FIKIN, en cassant les cadenas des différents pavillons, ils avaient été dépêchés à Kinshasa pour soi-disant sécuriser le déroulement desdites élections. Dieu merci, malgré quelques couacs, ces scrutins se sont déroulés bon gré, mal gré. Ce qui devait obliger les autorités de la police, à faire retourner ces éléments d’où ils sont venus, ou les affecter ailleurs, la FIKIN étant une entreprise.

Malheureusement, jusqu’à ce jour, la FIKIN est devenue un camp policier au sein duquel vivent tous ces hommes en uniforme qui hier étaient célibataires, mais au fil de temps, ils vivent aujourd’hui avec femmes et enfants dans des pavillons qu’ils ont compartimentés, l’essentiel étant de disposer d’un espace.

A ce jour, aucune solution n’a été envisagé pour les faire partir des installations de la FIKIN où ils sèment non seulement la terreur, mais au sein desquelles règnent une insalubrité criante et une promiscuité cruelle, exposant tous les pensionnaires à des maladies de tout genres.

Après plusieurs cris de détresse allant de la delocalisation de ces policiers à la réhabilitation des installations de la FIKIN, le personnel de cette institution foraine a poussé un ouf de soulagement, après que le Président de la république ait répondu favorablement à une requête de la délégation syndicale, de faire réhabiliter et moderniser les installations de la FIKIN, en faveur des 9èmes Jeux de la Francophonie prévus à Kinshasa, surtout que la FIKIN avait été retenu comme étant le site principal de cette rencontre internationale.

Cette décision a été saluée de deux mains non seulement par le personnel de cet établissement public, mais également par l’ensemble de la population, qui ne jure que par la renaissance de ce site attractif.

Hélas, c’est à la veille de la pose de la première pierre pour le lancement des travaux par le Chef de l’Etat sur le site FIKIN, que les travaux ont été finalement délocalisés au stade Tata Raphaël, au grand regret des travailleurs de la FIKIN. Selon des informations proches de la présidence de la république, le Chef de l’Etat aurait souhaité que les installations de la FIKIN soient réhabilitées et modernisées sur fonds propres du gouvernement. Un grand actif pour son bilan.

Petite histoire sur la FIKIN

Créée en 1969 par l’Ordonnance n°69-197 du 15 septembre 1969, la Foire Internationale de Kinshasa (FIKIN) était un Commissariat général dépendant directement de la présidence de la république. Elle fut muée en entreprise publique par l’Ordonnance n°78-128 du 05 mai 1978, portant statuts d’une entreprise publique dénommée Foire Internationale de Kinshasa,  » FIKIN « .

A ce titre, elle était régie par la Loi n°002 du 06 janvier 1978, portant dispositions générales applicables aux entreprises publiques. A la faveur de la réforme des entreprises du portefeuille de 2009, la FIKIN devient un Établissement public à caractère technique, en vertu du Décret n°09/49 du 03 décembre 2009. Depuis sa création jusqu’aux pillages de triste mémoire, la FIKIN fut une entreprise prospère. A ce jour, sa seule source des recettes, c’est le Motel FIKIN avec la partie militaire et civile. Si l’Armée ne paie pas le loyer de ses officiers logés au Motel depuis près de 14 ans, du côté des habitations de locataires civils, la FIKIN essuie également d’énormes difficultés pour recouvrer les frais de loyer. La question reste donc posée : qui sauvera la Foire Internationale de Kinshasa ?

José Wak

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