MediaCongo Press > BLOG > priorite > Obtention du permis de conduire : un parcours miné par le racket et les circuits parallèles (Reportage)
Sur les sites officiels d’enrôlement, la scène est presque toujours la même : files interminables, visages épuisés, tension palpable. Obtenir un permis de conduire relève pour beaucoup d’un véritable parcours du combattant. Entre lenteur administrative, conditions d’accueil éprouvantes et pratiques illégales qui se sont durablement installées, le processus laisse un goût amer, constate Mediacongo Press ce mardi 25 novembre.
À l’entrée du centre de capture de Ndolo (Barumbu), des dizaines de candidats patientent sous un soleil implacable. Certains sont là depuis 5 h du matin, espérant obtenir le précieux document.
« C’est mon troisième jour ici. J’ai déjà mon formulaire, mais depuis que je l’ai déposé, on ne m’appelle toujours pas pour l’examen théorique et pratique. Pendant ce temps, d’autres passent devant moi », déplore un jeune homme, formulaire en main.
À quelques mètres, une autre dynamique, plus discrète mais tout aussi visible, s’organise. Des agents ou des intermédiaires — parfois sans uniforme mais parfaitement intégrés au dispositif — « facilitent » le processus moyennant quelques billets. Les tarifs varient entre 20 et 30 dollars américains, en plus des frais officiels. Un marché parallèle qui fonctionne au vu et au su de tous.
Cette « option express » attire de plus en plus de candidats lassés d’attendre. Résultat : les coûts explosent. Un permis de catégorie B, censé coûter moins de 100 dollars (15 $ pour les frais d’examen et de formulaire, et 71,5 $ pour le permis des véhicules de moins de 3,5 tonnes), revient finalement entre 110 et 130 $ pour ceux qui cèdent à la pression des circuits illégaux.
« Si tu ne donnes rien, ton dossier ne bouge pas. Si tu donnes, ça avance », raconte un chauffeur de taxi.
Ce système informel, bien que non officiel, s’est solidement enraciné. Il prospère sur l’encombrement des centres et l’absence de mécanismes de contrôle visibles. Entre les mains de ces intermédiaires, certains obtiennent leur permis plus vite, parfois même plus facilement que ceux qui suivent le chemin réglementaire. Pour les requérants, l’expérience laisse un profond sentiment de frustration et d’injustice.
En attendant, dans les centres de capture de Kinshasa et d’ailleurs, l’obtention du permis de conduire s’apparente toujours à un marathon semé d’embûches — où la voie rapide se négocie, et où le droit cède trop souvent sa place à des pratiques illégales.
Djodjo Vondi
MediaCongo Press
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