Le bilan de trois années du chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, ne récolte pas que des avis favorables dans la partie Nord-Ouest et Sud-Est de la République.
Dans le Sud-Ubangi, l’électrification de la ville de Zongo 50 ans après sa création est célébrée à l’unanimité à côté de différentes actions menées (instauration de l’Etat de droit, lutte contre la corruption, etc.) pour l’intérêt national.
Juste à côté à Mbandaka, dans la province de l’Équateur, l’on attribue un bilan négatif au chef de l’Etat faute d’un gouverneur compétent, capable de matérialiser sa vision.
”La non-matérialisation de l’électrification repris dans programme dit 100 jours, l’inaction et l’absence de sanctions contre les principaux détourneurs de fonds d’investissements alloués à la province”, relève la Génération consciente de l’Équateur (GCE), une organisation citoyenne pro-démocratie.
Le soutien du régime Tshisekedi au gouverneur Bobo Boloko ”artisan du sous-développement de la province” qu’elle estime, par ailleurs illégitime, fait du président de la République ”l’ennemi n°1 des équatoriens”.
Quel héritage pour le successeur de Félix Tshisekedi ?
Plusieurs questions taraudent les esprits des citoyens du Congo profond sur l’après Tshisekedi, sur l’essentiel de l’héritage à léguer. Pour celui qui doit baliser le chemin à son successeur et dont le mandat est largement consommé, l’heure n’est plus à passer du temps entre deux avions mais plutôt à se pencher sur les véritables problèmes de la société qu’il faut résoudre à la source.
Ils brandissent la question de la sécurité dans l’Est du pays qui reste préoccupante. L’Etat de siège a montré ses limites, les populations du Nord-Kivu et d’Ituri vivent dans la crainte continue des bruits des bottes et crépitements des balles. Sur le territoire national, l’école pour tous peine à se mettre en place. L’envol du climat des affaires bat de l’aile, la corruption gangrène, la liste n’est pas exhaustive. Après le démembrement des provinces, l’on espère que le programme de développement de 145 territoires rencontre un réel succès, une feuille de route pour un renouvellement de confiance, soutiennent d’autres.
A ce jour, l’on s’attarde encore sur l’”on ne peut faire un décoller un pays détérioré de plusieurs décennies en trois ans”. ”Il faut de la patience pour vivre ses réalisations”, un luxe que ne peut s’offrir la population, faute de temps. Sur terrain, les besoins sont colossaux, un travail de titan attend être abattu.
L’instabilité des prix des denrées alimentaires et biens de première nécessité est monnaie courante. La grève du personnel médical met à mal la couverture sanitaire pendant que les enseignants de l’Epst et Esu reprennent le travail en gardant un pied dehors jusqu’à ce que leurs revendications soient prises en compte.
Dans la Tshopo, on grince les dents. ”S’il faut coter ses actions, c’est à 1 % où à 0,5 % des réalisations. Si je dis 0,5 % parce que c’est après plusieurs requêtes que nous avons réussi à obtenir une fois du gouvernement central le rétablissement du courant électrique. Nous avons demandé au gouvernement de rénover le barrage mais ce qu’il a fait, c’est réparer les machines qui sont vielles. Vous avez suivi ? Nous sortons encore de 3 jours de délestage parce que les machines sont tombées encore en panne, c’est vraiment chaotique le bilan de Félix Tshisekedi dans la Tshopo », regrette Jida Mabela, activiste pro-démocratie de la Lutte pour le changement (Lucha).
Du reste, les ressortissants de différentes provinces ont assisté à différents spectacles au sommet des exécutifs provinciaux : destitution, réhabilitation, contestation, arrestation, un véritable théâtre d’amateurs. L’élection des gouverneurs reste le remède à ce mal plutôt que d’évoluer dans une spirale des motions.
Comme l’a constaté Célestin Lifulu, professeur à l’université de Kisangani, ”les effets positifs du chef de l’État sont difficiles à cerner dans la Tshopo, il faut ouvrir grandement l’œil pour essayer de les trouver” et, dans le Congo profond par extension.
Prince Wello/Fidèle Mamba