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Que cache l’affaire Didier Budimbu interpelé puis auditionné depuis mercredi 13 avril devant une commission d’interrogatoires de l’Agence nationale des Renseignements (ANR) ? Certaines sources affirment que le ministre des Hydrocarbures est soupçonné de détournements massifs des fonds publics dans son secteur, ce qui a occasionné la spéculation susceptible de faire hausser les prix du carburant à la pompe.

D’autres sources renseignent que le ministre aurait bénéficié d’un système de corruption et de détournement de fonds publics, après avoir mis en place un mécanisme depuis son entrée en fonction, bénéficiant de la bénédiction de certaines pétroliers qui auraient coûté environ 243 millions de dollars américains aux contribuables.

L’affaire a été révélée à l’issue d’une enquête réalisée en 2020, selon lequel ce système qui existe jusqu’à nos jours, serait à la base de l’augmentation du prix de carburant à la pompe. Ce que nient catégoriquement les proches du ministre, qui parlent d’une audition de routine à l’ANR. Mais qu’à cela ne tienne, force est de signaler que le ministre a passé une première nuit aux locaux de ce service de renseignement. Son audition s’est poursuivie jeudi 14 septembre.

Si les détails et les motifs de cette audition semblent encore être flous, plusieurs langues avancent la thèse selon laquelle, le ministre Budimbu ne maîtrise pas les contours de son secteur, surtout en cette période de spéculation du prix du litre du carburant à la pompe. Pour certains, le ministre joue au complice, pour la simple raison que, depuis la rareté des produits pétroliers dans les stations-service, le ministre brille par un silence coupable. Aucune réunion tenue avec les opérateurs économiques membres de la FEC (Fédération des entreprises du Congo) du secteur pétrolier, aucune communication pouvant rassurer la population sur cette situation.

Ce comportement, mieux attitude du ministre des Hydrocarbures, fait dire à quelques analystes que le ministre ne maîtrise ni ne contrôle ce qui se passe dans son secteur, surtout que jusqu’à ce jour, la majorité des stations-service de la ville-province de Kinshasa restent fermées ; tandis que dans celles qui font semblant de vendre, les clients sont servis à compte-goutte, voire à des heures bien déterminées.

Pourtant dans un passé proche, le ministre Didier Budimbu avait rassuré la population quant au stock du carburant, qui pouvait encore tenir pendant trois mois et que tout est mis en œuvre pour qu’il n’y ait pas rupture de stocks.

Au cours d’une réunion qu’il avait tenue à la quinzaine du mois de mars dernier avec la participation de SEP Congo (Services des Entreprises Pétrolières Congolaises) et de la Société Congolaise des Industries et de Raffinage (SOCIR), le ministre Didier Budimbu avait affirmé qu’il n’y aura pas rupture de stock du carburant à Kinshasa. « Il y a eu beaucoup de rumeurs surtout sur les réseaux sociaux qui faisaient état d’une rupture de stock au niveau de la ville de Kinshasa dans les 48h. On s’est réuni pour étudier la question. Et après la réunion, je peux rassurer la population congolaise et kinoise, et même celle du Kongo-Central qu’il n’y aura pas de rupture. Tout a été mis en place pour que ça n’arrive pas et ça n’arrivera pas, et d’ici là il y aura encore d’autres bateaux », avait dit le ministre.

Dans la foulée, le ministre Budimbu avait fait savoir qu’il y a suffisamment de stock de carburant pour que la ville de Kinshasa tienne encore pour plusieurs jours. « Je pense qu’on est très loin de ce problème. J’ai discuté avec SEP-Congo et SOCIR. Et là, tous nous nous sommes mis d’accord et ils nous ont donné le stock qu’ils ont. Ce qu’ils ont en permanence actuellement pourra faire tenir la ville et même la partie ouest du pays », avait encore soutenu le ministre des Hydrocarbures.

Des experts en économie font savoir que le ministre Didier Budimbu se serait effectivement compromis dans le détournement, à travers la créance que l’Etat met à la disposition des pétroliers, en termes de manque à gagner dans le cadre de leur exercice de travail. Ce qui a poussé ces derniers à faire voir leur mécontentement au gouvernement de la république, surtout en cette période où la guerre en Ukraine frappe plusieurs secteurs de la vie nationale. « N’ayant donc plus touché la part de leur manque à gagner vis-à-vis du gouvernement, les opérateurs pétroliers ont jugé bon de faire la spéculation en ordonnant la fermeture des principales stations-essence.

Des victimes expiatoires

Dans l’entre temps, pour prouver à l’opinion qu’il maîtrisait la situation, le ministre Budimbu avait ordonné le 10 avril dernier, l’arrestation du gérant de la Station-service ENGEN située au Quartier UPN dans la commune de Ngaliema. Etant lui-même sur terrain avec l’équipe Hydro Task Force dans les différentes stations-service pour s’assurer du bon fonctionnement des activités à la pompe, le ministre a constaté que le gérant a délibérément bloqué les pompes, sous prétexte qu’il y aurait une panne. « Nous avons eu plusieurs rapports qui renseignent que beaucoup de stations-service font de la rétention. Elles ont des produits, mais ne veulent pas vendre (…) Alors que l’État fait sa part. L’équipe est descendue sur le terrain, voilà le cas qu’on a trouvé ici à l’UPN (station ENGEN). Ils ont du carburant, mais le gérant tout bonnement avait refusé de servir les automobilistes, prétextant une panne. Mais quand on a mis un peu de pression, lui-même devient technicien et répare la panne », avait expliqué le ministre devant la presse.

Vers la démission du gouvernement ?

Avec cette série noire l’interpellation du ministre des Hydrocarbures Didier Budimbu à l’ANR, associée avec la déchéance dernièrement du ministre de l’Economie Jean-Marie Kalumba à l’Assemblée nationale, l’on est en droit de se demander si ce n’est pas la descente aux enfers du gouvernement Sama Lukonde qui s’annonce.

En clair raconte-t-on, le gouvernement Sama Lukonde serait désormais sur une chaise éjectable, pour la simple raison que, l’arrestation du ministre des Hydrocarbures Didier Budimbu ainsi que le départ de celui de l’Economie, constitue ni plus ni moins, une goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Dans ce même ordre d’idées, le chef des warriors semble connaître une pression double ; d’une part, au sein de sa propre plateforme Union Sacrée de la Nation, et d’autre part, au sein de son gouvernement. Les heures sont donc comptées pour les membres du gouvernement Sama Lukonde, pour la simple raison que les abus et actes de megéstion dont fait face le gouvernement, va contraindre la hiérarchie à laver son image, par le remplacement de tout le pouvoir exécutif. Une manière de réduire aussi la taille éléphantesque du gouvernement afin d’éviter au trésor public plus de frais d’installation, estime-t-on dans plusieurs cercles de réflexion.

Tout compte fait, la majorité de la population accuse le gouvernement Sama Lukonde d’inertie, car les indicateurs de tous les secteurs de la vie nationale sont au rouge : les routes sont défoncées, malgré la mise en place de l’opération « Kinshasa zéro trou » ; les prix des denrées alimentaires ont pris de l’ascenseur ; le courant et l’eau ne sont toujours pas au rendez-vous ; les salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat sont restés dérisoires ; la couverture sanitaire n’existe que de nom…, bref comme pour dire que le slogan « Le peuple d’abord » n’aura été qu’une sorte de marchepied pour se moquer de la population.

José Wakadila

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