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Environ 95 % d’entreprises congolaises évoluent aujourd’hui dans l’informel, alors que leur pourcentage s’est établi entre 70 à 90 % en 2012. Par ailleurs, le ton monte du côté des sous-traitants congolais qui dénoncent, pour leur part, « les dures conditions d’accès à un financement pour arracher des parts de marché ». Sans des réformes déterminantes dans le secteur financier et même le régime fiscal, l’avenir du secteur entrepreneurial reste sombre en République démocratique du Congo.

En dépit de l’amélioration de l’arsenal juridique des affaires, certaines parties majeures de l’activité économique formelle sont sous le contrôle des entreprises étatiques. Il s’agit d’une preuve parmi tant d’autres de la difficulté d’assurer le décollage de l’entrepreneuriat national. En effet, les derniers chiffres officiels indiquent toujours un faible taux de création d’entreprises (près de 10 000 sur l’étendue du territoire national) et un taux élevé d’entreprises évoluant dans l’informel.

Selon l’Agence nationale de développement de l’entrepreneuriat congolais (ANADEC), quelque 6 000 entreprises congolaises évoluent aujourd’hui dans l’informel. Dans le secteur de l’entrepreneuriat féminin, il règne également un vrai malaise. « En matière de création d’entreprise, on nous parle d’un pourcentage féminin qui ne dépasse pas les 35 %. En réalité, moins de 10 % de ces entreprises créées appartiennent réellement à des femmes. Il s’agit pour la plupart des prête-noms », a affirmé R.B., une femme entrepreneure.

Récemment, plusieurs sous-traitants congolais ont relevé l’inefficacité du travail abattu par le Fonds de garantie de l’entrepreneuriat au Congo (FOJEC). Globalement, il s’agit d’une structure qui a pour mission de mobiliser et de collecter des ressources financières au niveau national et international en vue de garantir un accès au financement aux différentes MPME. Trois ans après sa création, son bilan reste très contrasté. Pour les uns, les opportunités existent réellement dans la sous-traitance en RDC, mais il est difficile d’aller plus loin faute d’un réel fonds de garantie. Pour les autres, la concurrence bien souvent déloyale dans ce secteur conduit à la disparition progressive des sous-traitants congolais. Pour dissiper les zones d’ombre autour de son bilan, FOJEC RDC a présenté ses chiffres dans un tweet datant du 29 décembre 2022 : « 100 000 $ de financement pour 10 bénéficiaires dans la première cohorte, 500 000 $ pour 31 bénéficiaires dans la seconde ».

Avec deux instruments, en l’occurrence l’ANADEC et le FOJEC, pour répondre à des millions de demandeurs de crédit, la tâche est herculéenne pour l’État congolais. Outre le déficit en formation dans le domaine de l’entrepreneuriat, plusieurs études ont épinglé également d’autres faiblesses, principalement le niveau de financement et surtout l’accès aux marchés publics.

Entre 2013 et 2016, au moment où la RDC atteignait la moyenne record de 7 000 entreprises créées, les nigérians ont créé 75 000 entreprises au cours de la seule année 2016. Avec un besoin estimé à 82 millions de paires de chaussures par an, la production locale ne dépasse guère les 5 %. Devant tant d’opportunités, on ne peut que déplorer l’étendue du gâchis. Pour rappel, l’architecture des PME se présente de la sorte : plus de la moitié dans le négoce ou commerce général, 4 % dans l’industrie légère et 2 % dans l’agriculture.

Laurent Ifayemba

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