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Départ de la Monusco : entre inquiétude, suspense et satisfaction

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La Mission de l’organisation des Nations-Unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) tend vers sa fin. La mission retire progressivement ses troupes du sol congolais, conformément à la demande de Kinshasa. Mais l’annonce de ce départ crée de l »inquiétude” chez les uns, est un motif de « satisfaction » pour les autres et laisse planer le « suspense » dans le chef de la population.

De l’inquiétude sur le départ de la Monusco

L’inquiétude gagne les esprits de certaines personnes qui habitent dans les zones encore en proie aux violences des groupes armés. C’est le cas du territoire de Djugu en province de l’Ituri. Cette province est confrontée à une insécurité sans précédent causée par des tensions intercommunautaires et d’autres formes d’insécurité.

Au total, 72 sites de déplacés de guerre sont identifiés sur l’ensemble de la province de l’Ituri. Ils hébergent près de 400 000 personnes sous protection de la Monusco. Ces personnes s’inquiètent de la fin de la mission pendant que leurs sites sont encore sous menace de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco). C’est le cas de Kpa-Yi Dieudonné, déplacé du site de Djaiba qui témoigne les efforts du contingent Népalais de la Monusco qui assure la sécurité de leur site.

Il demande au gouvernement congolais des assurances sur la fin de la circulation illicite des armes dans le territoire de Djugu.

« Nous sommes arrivés ici grâce à la Monusco. On était loin là-bas à 8 Km de Jaiba. [La Monusco] c’est l’unique force du milieu. La zone était vraiment dans l’insécurité. Ils font des patrouilles même à pied la nuit tout comme la journée. Quand ils apprennent qu’il y a un ça ne va pas quelque part, ils se déploient facilement. Qu’on nous garantisse sur le plan sécuritaire et puis nous rentrons chez-nous non ! Qu’on puisse ramasser ces armes là qui circulent pêle-mêle parmi les gens », a-t-il exhorté.

En plus de la sécurité des sites, les soldats Népalais sécurisent les cultivateurs dans des champs, à la recherche des vivres pour leurs familles frappées par la faim dans les sites. Ils y organisent des patrouilles pour dissuader les membres des groupes armés comme la Codeco, témoigne Astrida, une cultivatrice abordée par MediaCongo Press (MCP) sur le chemin de son champ à Jaiba.

« Satisfaction des efforts pour la paix en Ituri »

Au cours d’une rencontre tenue mercredi 17 janvier 2024 au centre de Fataki, les notables de ce coin ont salué les réalisations de la Monusco en appui au gouvernement congolais dans le cadre de la stabilisation et de la restauration de l’autorité de l’Etat.

Ils ont cité notamment l’organisation des patrouilles diurnes et nocturnes, la construction des ponts, ainsi que des opérations militaires conjointes avec les FARDC contre des groupes armés dans le territoire de Djugu.

« La situation sécuritaire s’est nettement améliorée dans plusieurs entités du territoire de Djugu pour mettre fin aux hostilités et permettre ainsi le retour des déplacés. En Ituri il n’y a pas de sentiment anti-Monusco, parce que leurs actions sont visibles […] », a expliqué Lobi Tsubavile Flavien, président de la société civile du territoire de Djugu.

Le gouvernement congolais prépare la relève

En plus des sites des déplacés de guerre, plusieurs villages sont encore sous sécurité des Nations-Unies dans le territoire de Djugu. Les effectifs des FARDC et de la Police nationale congolaise (PNC) sont soit réduits soit basés loin des sites. C’est le cas des sites de Lodha et Jaiba, où les FARDC et la PNC sont basés respectivement à 2 et 4 Km des sites de déplacés, conformément aux normes humanitaires.

Mais d’après le chef des bureaux de la Monusco en Ituri, Karna Soro, la Monusco prépare déjà son départ du sol congolais. À part la fermeture de certains de ses bureaux, le retrait progressif de ses troupes, une feuille de route est également en cours de finalisation dans cette phase de transition pour pérenniser les acquis de sa mission après le départ.

« Il ya une feuille de route en cours de finalisation qui va permettre donc de pouvoir suivre les jalons qui ont été arrêtés dans la feuille de route de transition avec le gouvernement et nous assurer qu’au moment du départ de la Monusco dans quelques mois, un certain nombre de piliers où de points d’ancrage sont en place pour pérenniser ces acquis », a-t-il expliqué.

Le gouvernement congolais prépare déjà des mécanismes de protection des civils.

« Nous préparons cette transition-là. Il y a des points dans cette préparation. Des jalons que nous devons exécuter et nous avons déjà fait un travail préalable pour savoir combien d’hommes, nous avons besoin, combien de temps il nous faudra pour que le jour où la Monusco va partir, nous soyons déjà prêts pour prendre en charge la sécurité de nos populations », rassure le lieutenant-général Luboya Nkashama Djony, gouverneur de la province de l’Ituri.

Le gouvernement Congolais a demandé le départ de la Monusco, le retrait de ses troupes doit être ordonné, se basant sur une série d’indicateurs mesurables, en particulier l’amélioration de la situation sécuritaire.

 

Delphin Mupanda/MCP

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