La vie commence à reprendre son parcours normal sur l’axe Mamove-Beu/Manyama, entité située à l’ouest d’Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni (Nord-Kivu). Cette zone a plusieurs fois été victime de la tragédie, à cause de l’activisme des Forces démocratiques alliées (ADF), groupe armé affilié à l’État islamique.
Certains villages reprennent vie petit-à-petit suite à l’accalmie observée dans la zone.
Nous sommes dimanche 20 octobre. Quelques femmes et hommes de la contrée sont réunis sous un arbre, au bord de la route. Ils se partagent tour à tour une calebasse du Raque, une boisson faite à base de maïs. Ils se réunissent à cet endroit chaque dimanche, après la messe, pour discuter des informations sécuritaires. Madame Marie Kahambu, la quarantaine révolue, confirme l’accalmie à Beu-Manyama, même-si quelques attaques sporadiques sont encore rapportées dans les environs, notamment à Samboko-Katerrain où se trouve, d’ailleurs, son champ auquel il n’a plus accès, par crainte d’être surprise par des ADF.
« Tout va bien maintenant ici au centre de Beu-Manyama. Nous vivons une accalmie grâce aux opérations des militaires congolais et ougandais. Même si je n’ai pas encore commencé à accéder à mon champ au moins nous pouvons témoigner l’accalmie de ces jours. Et nous soutenons les opérations militaires pour que la paix soit rétablie et que chacun reprenne ses activités […]», a-t-elle expliqué.
Mumbere Luhimbo, lui, a son champ à Mangambo. Cette zone jadis sous influence des rebelles ADF à été récupérée, il y a peu, par la coalition des forces armées de la RDC et des forces de défense du peuple ougandais (Updf), à travers l’opération «Ushuja». Alors que son champ était déjà assiégé par les assaillants, aujourd’hui, il commence à y accéder, car rassuré par les militaires loyalistes.
« Ça été pour moi un plaisir d’arriver dans mon champ. Ils [les ADF] avaient déjà érigé leur position dans et aux alentours de mon champ. Heureusement, les militaires congolais et ougandais ont réussi à les déloger. Nous continuons à prier pour qu’ils soient complètement anéantis afin que d’autres personnes accèdent à leurs champs. Mais moi je parle d’abord de la situation de Mangambo où je suis arrivé», a-t-il ajouté.
Beu-Manyama est une grande agglomération, considérée comme carrefour agricole. C’est à partir de là que sont expédiées des denrées alimentaires venues de différents champs pour la commune d’Oïcha, chef-lieu du territoire, ou pour la ville de Beni.
Cette zone, située dans la localité de Babila-Bakaiku, offre beaucoup d’opportunités agricoles. Ce qui crée la convoitise des assaillants en difficulté de se ravitailler en vivres dans la forêt.
Toutes les cultures sont presque favorables à la zone, mais on y cultive généralement des bananes, des haricots, du manioc. Mais le cacao est le plus cultivé dans la zone, au vu de son influence actuelle sur le marché. D’ailleurs, des parcelles sont souvent inondées de fèves de cacao, étalées sur des bâches, avant d’être expédiées vers les lieux de négoce de grands acheteurs.
Delphin Mupanda/MCP, Nord-Kivu