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mardi, octobre 14, 2025
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Processus de paix en RDC : Nairobi, juge ou partie ?

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Longtemps perçu comme un médiateur neutre et un artisan de la stabilité régionale, le Kenya se retrouve désormais au cœur d’une controverse diplomatique liée à son rôle dans la guerre à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Alors que le processus de Nairobi devait symboliser la réconciliation et la pacification des provinces meurtries du Nord-Kivu et de l’Ituri, la capitale kényane devient progressivement le symbole d’une médiation contestée, voire orientée.

Un processus de paix fragilisé par le manque d’équilibre

Lancé en 2022 sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), le processus de Nairobi visait à rapprocher le gouvernement congolais et les groupes armés locaux.

Mais Kinshasa a rapidement dénoncé un déséquilibre dans la facilitation kényane, pointant notamment la bienveillance supposée du Kenya envers le M23, mouvement rebelle soutenu par le Rwanda.

Les défaillances dans le suivi des cessez-le-feu, le maintien du M23 dans les zones occupées, et le mutisme diplomatique de Nairobi face à ces violations ont fini par convaincre une partie de l’opinion congolaise que la médiation kényane n’était plus impartiale.

Le contingent kényan sous le feu des critiques

Sur le terrain, le déploiement des troupes kényanes au sein de la Force régionale de l’EAC n’a pas apaisé les tensions.

Chargés d’appuyer les Fardc et de protéger les civils, ces soldats ont été accusés à plusieurs reprises de complaisance envers les positions du M23.

Des témoignages locaux ont fait état d’une cohabitation ambiguë dans certaines zones du Nord-Kivu, suscitant un sentiment d’abandon au sein des populations congolaises.

Ces critiques ont conduit Kinshasa à réclamer la réévaluation du mandat de la force régionale, remplacée par la Mission de la Sadc, jugée plus cohérente avec les attentes congolaises.

Un signal de plus

La réunion organisée récemment à Nairobi par l’ancien président Joseph Kabila, réunissant Matata Ponyo, Seth Kikuni et Frank Diongo, a ravivé le débat sur la neutralité du Kenya dans les affaires congolaises.
Plusieurs observateurs estiment que l’accueil officiel accordé à cet événement par les autorités kényanes traduit une proximité politique troublante entre Nairobi et certains courants de l’opposition congolaise.
L’absence remarquée de figures telles que Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga et Jean-Marc Kabund n’a fait que renforcer les soupçons d’une manœuvre sélective, perçue à Kinshasa comme une ingérence déguisée dans la scène politique nationale.

Pour plusieurs analystes, le fait que le Kenya serve de cadre privilégié à des initiatives politiques congolaises sans coordination avec Kinshasa affaiblit son image de médiateur neutre et confirme une dérive diplomatique inquiétante.

Intérêts économiques et géopolitiques en jeu

En toile de fond, le Kenya défend ses intérêts économiques et stratégiques dans la région des Grands Lacs.
Entre le port de Mombasa, les banques kényanes implantées à Kinshasa et le commerce transfrontalier vers l’Est congolais, Nairobi veille à préserver son influence dans une zone en recomposition géopolitique.
Cette posture, combinée à sa coopération étroite avec Kigali, alimente la thèse d’une neutralité de façade, où la realpolitik économique prend le pas sur les principes diplomatiques.

Nairobi face à l’épreuve de la neutralité

Le Kenya, jadis salué pour son rôle de stabilisateur régional, voit aujourd’hui sa crédibilité entamée.
Entre sa gestion controversée du processus de paix de Nairobi et son implication indirecte dans la scène politique congolaise, Nairobi semble s’être placée au cœur d’un enjeu de confiance.

Pour espérer regagner la considération de Kinshasa et des partenaires africains, le gouvernement kényan devra clarifier sa position, rétablir une distance diplomatique équitable et surtout redonner sens à son rôle de médiateur régional, au service de la paix et non des intérêts particuliers.

 

MCP

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