Au nom de la transition énergétique, plusieurs projets pétroliers et gaziers risquent de ne jamais voir le jour en Afrique. En effet, depuis la COP 26 à Glasgow, beaucoup de pays développés et institutions financières internationales ont clairement écarté tout accord portant sur des projets d’énergies fossiles dans la région. Face au réel déficit de financement, plusieurs experts accueillent avec satisfaction la création d’une banque spécialisée d’ici à décembre 2023.
L’année 2023 devrait se terminer avec un événement phare dans le secteur pétrolier et gazier africain. Face au tarissement des fonds étrangers destinés à développer des champs pétroliers et gaziers dans la région, le secteur pourra compter désormais sur l’apport d’une banque dédiée à ce type de financement. Cette institution financière africaine très attendue est le fruit d’une collaboration entre les pays de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (Appo), dont fait partie d’ailleurs la RDC, et la Banque africaine d’import-export, Afreximbank. Cette grande nouvelle a été annoncée officiellement par le secrétaire général de l’Appo, Omar Farouk Ibrahim. Le processus de création de la banque ayant atteint un niveau avancé, il ne reste plus qu’à décider très prochainement de l’emplacement de son siège et de la date exacte du lancement de ses activités.
D’emblée, la Banque africaine de l’Énergie va permettre de réduire les besoins en financements étrangers. En effet, il n’est plus question de tergiverser sur le retrait réel des financements étrangers, et les conséquences sont terribles sur de nombreux projets en gestation.
D’aucuns n’excluent pas que les partenaires traditionnels des pays africains, comme la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales, durcissent les conditions d’accès à des financements au bénéfice de ce secteur.
Avec une production d’environ 3 % des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, l’Afrique ne compte pas en rester là. Plusieurs pistes de solution ont commencé à se dessiner depuis les dernières rencontres dans le cadre de la COP.
De nombreux dirigeants et experts africains ont proposé d’étendre la transition énergétique sur une période de 20 ou 30 ans sur le continent. Pour eux, il faut instaurer à tout prix une justice climatique.
Avec 600 millions d’africains dans le noir, tout le continent africain est tourné actuellement vers le principal défi d’apporter de l’électricité aux ménages. La RDC qui en a fait même une priorité pour les prochaines années, n’a pas manqué de susciter parfois de vives polémiques avec ses partenaires, notamment lors de la COP 27.
En effet, plusieurs pays ont demandé au Gouvernement de la République d’abandonner le projet d’ouvrir 30 périmètres pétroliers et gaziers au cycle d’appel. Face à cette opposition, Kinshasa exige des compensations financières. Sans renier ses engagements internationaux, le pays a lancé en juillet 2022 une trentaine d’appels d’offres, dont 27 pour des blocs pétroliers et 3 pour des blocs gaziers du lac Kivu. Ces blocs se retrouvent dans la quasi-totalité des provinces du pays, et sont évalués à environ 22 milliards de barils de pétrole brut et 66 milliards normo mètre cube de gaz méthane.
Pour la RDC, pays membre de l’Appo, la création d’une banque spécialisée dans le seul financement des projets pétroliers et gaziers sur le continent africain offre de nouvelles perspectives. L’Appo et Afreximbank ont signé l’accord relatif à la création de cette institution depuis mai 2022.
Laurent Ifayemba