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Des facteurs exogènes aux économies africaines, notamment la crise ukrainienne et la tension sino-américaine, devraient peser lourdement sur les projections fiscales de nombreux pays miniers en Afrique. Le 17 mai dernier, la filiale de la holding minière anglo-américain, De Beers, a annoncé sans surprise un chiffre d’affaires en baisse. L’incertitude liée à la demande mondiale tant pour le diamant que d’autres minerais aura une incidence sérieuse dans les efforts de maximisation des recettes minières.

La baisse du chiffre d’affaires (480 millions de dollars américains USD) du Groupe De Beers, 480 millions de dollars américains USD pour la quatrième session de ventes aux enchères de ses diamants bruts cette année, n’a pas suscité de vives inquiétudes en RDC. Et pour cause : le Groupe reconnu mondialement comme un géant du diamant, avec une production de 35 millions de carats en 2022, est très actif principalement au Botswana (70 % de sa production annuelle), en Namibie, en Afrique du Sud, et dans une moindre mesure en RDC. « Il s’agit d’une baisse de 20,5 % en glissement annuel et 11 % par rapport à la session précédente »., soutient le Groupe. Les préoccupations mondiales et l’incertitude géopolitique affectent la demande mondiale de la pierre précieuse. En outre, la même inquiétude est exprimée par d’autres producteurs de diamants en Afrique, notamment Lucara Diamond, une compagnie également très active au Botswana.

En Afrique, la baisse de la demande mondiale de diamant aura une incidence directe sur les pays comme le Botswana, dont l’économie dépend des recettes générées par l’exploitation du diamant, mais également plusieurs autres pays, comme la RDC par exemple, qui tirent une partie de leurs recettes minières de cette activité. Selon Cyprien Ndungi, expert minier, le pays a toutes les raisons de s’inquiéter de cette situation et même de prendre toutes les dispositions pour y faire face. Entre 2010 et 2020, les produits miniers et pétroliers ont représenté 96 % de l’ensemble des exportations du pays, soit un peu plus de 45 % de contribution au budget national. Les recettes d’exportations sont constituées en grande majorité, soit près de 90 %, du cuivre, du cobalt et du pétrole. Pour le reste, soit 10 %, elles proviennent d’autres produits comme le diamant, en première position, l’or et le zinc. En parcourant les différents rapports de la Banque centrale du Congo (BCC), on se rend compte de la vulnérabilité des recettes courantes face aux chocs exogènes des cours de ces produits.

Au-delà de l’aspect lié à ces chocs externes, il y a aussi une dimension interne et même politique non négligeable. En effet, pas plus tard que le vendredi 19 mai dernier, lors de la quatre-vingt-dix-neuvième réunion du Conseil des ministres, le président de la République, Félix-Antoine TShisekedi, a chargé le ministère du Portefeuille d’accélérer le processus de transformation de la Société Anhui Congo d’investissement minier (SACIM) en société anonyme avec Conseil d’administration. Pour la petite histoire, la société SACIM exporte plus de 90 % de la quantité de diamant produite principalement dans le Kasaï Oriental. Par cette instruction présidentielle, l’objectif est bien de relancer la filière diamantifère en RDC. En dépit d’une production marginale, la Minière de Bakwanga (MIBA) fait également l’objet de regain d’attention. Revenant lui-même d’une visite d’État en République du Botswana du 9 au 12 mai 2023, pays reconnu mondialement pour la performance de son secteur minier, particulièrement celui du diamant, Félix-Antoine Tshisekedi veut s’imprégner du modèle botswanais pour relever l’industrie minière locale. Il a demandé expressément aux institutions techniques en charge de la réforme de la MIBA de s’appuyer sur ces modèles existants.

Laurent Ifayemba

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