Près de deux mois et demi après son lancement, le nouveau passeport biométrique congolais peine à être effectivement délivré aux citoyens. Malgré la baisse de son prix et l’afflux massif des demandeurs, des centaines de Congolais, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, se retrouvent toujours sans ce document indispensable à leur mobilité. Cette situation entraîne déjà de lourdes conséquences sur la vie personnelle, professionnelle et académique des demandeurs.
Une source du ministère des Affaires étrangères a confié à MediaCongo Press que ce retard est dû au changement de prestataire, à la nouvelle procédure (minimum quatre semaines), mais surtout à la réduction du nombre de passeports imprimés par jour. « Avec l’ancien prestataire, plus de 4 000 passeports étaient imprimés chaque jour, alors qu’avec le nouveau, c’est moins de 500. C’est ce qui rend la situation difficile », a-t-elle expliqué.
Des carrières mises entre parenthèses
À Dar es Salaam, en Tanzanie, l’acteur et artiste congolais Anzor Alem se dit « coincé » faute de passeport.
« Je vis une situation qui révèle les limites du système consulaire congolais. Je suis temporairement bloqué ici à cause d’un problème administratif lié à mes documents de voyage », confie-t-il à MediaCongo Press.
Détenteur d’un simple laissez-passer pour entrer sur le territoire tanzanien, il n’a aujourd’hui aucun moyen de poursuivre ses engagements artistiques à l’étranger. Cette impasse freine sa carrière internationale.
« Je devrais prochainement me rendre en Zambie pour des engagements professionnels. Là-bas, il est indispensable d’avoir un passeport en règle pour travailler sereinement, surtout dans le domaine du divertissement où la mobilité et la crédibilité sont essentielles », ajoute-t-il.
Des opportunités académiques compromises
Au-delà des artistes, des étudiants voient également leur avenir menacé. « Je devrais me rendre à l’étranger pour poursuivre mes études grâce à une bourse que j’avais reçue, mais je suis actuellement bloqué faute de passeport », témoigne un jeune Congolais. « Si rien n’est fait d’ici le mois de septembre, je risque de perdre ma bourse », confie-t-il, visiblement désemparé.
Des conséquences sociales et diplomatiques
Pour de nombreux Congolais de la diaspora, ce blocage complique les démarches administratives, la régularisation de leur séjour ou encore les voyages familiaux urgents. Sur le plan diplomatique, la lenteur dans la délivrance des passeports pourrait ternir l’image de l’État congolais, perçu comme incapable d’assurer un service consulaire efficace à ses ressortissants.
Un appel à l’action
Alors que la réforme du passeport biométrique avait été présentée comme une avancée majeure, la réalité sur le terrain révèle un système paralysé et générateur de frustrations. Artistes, étudiants, commerçants et familles en déplacement vivent aujourd’hui au rythme de cette attente interminable.
Les témoignages recueillis mettent en évidence une urgence : accélérer le processus et lever les blocages afin d’éviter que des centaines de Congolais ne voient leurs projets professionnels, académiques ou personnels anéantis.
Djodjo Vondi