A la une

Tshopo : la vente de feuilles de manioc et des pains, un véritable commerce des femmes à Kisangani

172Views

Les feuilles de manioc « sombe » en swahili et pondu en lingala constituent la denrée de base des Boyomais. Tout un parcours depuis les champs des villages avoisinants jusque dans les assiettes des habitants de Kisangani.

Comment marche le business de pondu à Kisangani ? Madame Kalubi Louise, une vendeuse de cette denrée adulée par la population raconte en quelques mots ses douze années d’expérience.

”J’ai un capital de 20 000 francs congolais [environ 10 dollars américains]. Je vais m’approvisionner à 24 kms de la ville de Kisangani, à Alukutu. Là-bas, la botte de sombé coûte 50 francs congolais. A l’aller, je prends la moto mais au retour, avec ma marchandise, je suis obligée de prendre le camion ou soit la moto. Je revends ensuite la botte de sombé à 100 voir 150 francs congolais en ville, ce qui me fait une marge qui me permet de subvenir aux besoins de ma famille », a-t-elle indiqué.

À l’arrivée au marché à Kisangani, juste après sa descente du camion à la manière d’un commando, Madame Kalubi prend soin de réserver quelques bottes de sombé pour sa famille. Le reste est revendu et au bout de quelques minutes, toute la marchandise étant écoulée, elle peut rentrer chez elle, fière d’apporter dans sa gibecière de quoi nourrir son mari chômeur et ses enfants pendant au moins une semaine.

L’autre activité majeur des femmes à Kisangani, c’est la vente des pains. Selon le constat fait, les femmes et filles vendeuses des pains sont les premières à se lever le matin à Kisangani. Ces dernières sont debout déjà à 4 heures voire 5 heures du matin pour arranger leurs marchandises ou soit arriver tôt à la boulangerie et être la première servie pour ensuite attaquer la journée. A chacune sa stratégie de vente.

Contactée, Madame Georgette Kigua, qui a déjà fait plus de 10 ans, précise qu’elle s’approvisionne tous les matins pour faire de la livraison à domicile. Elle dit également avoir des clients sûrs,
à qui elle livre du pain, pour récolter l’argent le lendemain pour la survie de sa famille et permettre la scolarisation de ses enfants.

Par ailleurs, d’autres femmes étalent leurs marchandises sur des tables dans les marchés ou coins des rues. Il y en a qui arpentent toute la journée les rues, bassin plein sur la tête sous un soleil de plomb. Objectif principal pour tout le monde : c’est d’écouler sa marchandise avant la tombée de la nuit pour acheter la nourriture aux enfants à la maison comme explique madame Perpétue Nyambo, épouse d’un policier et mère de deux enfants.

« J’ai pris l’option de vendre du pain pour subvenir aux besoins de mon ménage grâce à mon petit business pour me faire un gain quotidien d’environ 5000 francs congolais ou plus. Cette somme me permet d’acheter à manger pour ma famille car le salaire de mon mari est miséreux ».

Une travail pas facile de toute évidence, précise-t-elle. « La première difficulté est de se lever très tôt, devoir abandonner mon premier fils et traîner avec moi la petite dernière est très pénible. Quand je sors le matin, il fait encore sombre et c’est assez terrifiant. J’ai croisé une fois des hommes armés et en uniforme qui s’en sont pris à mon argent. Ils m’ont tout pris et j’ai peiné avant de parvenir à reconstituer un capital… quand je suis malade et que je manque de force pour aller chercher du pain à la boulangerie, mon mari y va à ma place et va même faire la livraison. La difficulté c’est qu’il ne connaît pas tous mes clients”, a-t-elle déclaré.

Fidèle Mamba (Correspondant à Kisangani)

Laisser un commentaire