Les avortements persistent et constituent un sérieux problème dans la ville province de Kinshasa, avec environ 77 cas pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans en 2023, rapporte l’enquête PMA-RDC, phase 4 sur les indicateurs de planification familiale, l’incidence des avortements et les violences basées sur le genre dans la capitale, présentée ce lundi 25 novembre à Kinshasa.
D’après les résultats de l’enquête réalisée par l’Ecole de Santé publique de Kinshasa, en collaboration avec le ministère de la Santé publique, hygiène et prévention, l’avortement est plus fréquent chez les femmes de 20 à 39 ans, mariées, ayant un niveau d’études secondaires et au moins un enfant.
A en croire le professeur Pierre Akilimali, principal investigateur du projet PMA en RDC, les raisons des avortements varient selon le cycle de vie d’une femme, mais sont souvent liées aux grossesses accidentelles survenues lorsque la femme ne pouvait assumer la responsabilité de s’occuper de l’enfant en raison de son jeune âge, de l’absence d’un partenaire stable ou d’un manque de moyens financiers.
Selon ce scientifique, plus de la moitié des avortements provoqués à Kinshasa sont non sécurisés et parmi celles qui ont avorté, 53% ont indiqué avoir utilisé d’autres moyens que la chirurgie ou l’avortement médicamenteux pour mettre un terme à leurs grossesses.
Toujours d’après l’enquête PMA-RDC, 64% de naissances actuelles/grossesses récentes étaient non désirées. D’où l’appel du Professeur Akilimali à l’intensification de la communication sur l’avortement.
Pour ce qui est de la thématique liée à la contraception, l’enquête PMA-RDC renseigne que l’utilisation de méthodes contraceptives modernes dans la ville de Kinshasa a chuté entre 2020 et 2024, passant de 30% à 25% chez les femmes en union. L’implant reste, cependant, la méthode contraceptive la plus utilisée chez les femmes mariées (31%) et la contraception d’urgence (41%) chez les femmes non mariées, sexuellement actives. La prévalence contraceptive moderne est plus élevée chez les femmes non mariées et sexuellement actives (45%) comparée aux femmes mariées (25%).
Le dernier volet de l’enquête PMA-RDC phase 4 relatif aux violences basées sur le genre constate que ces phénomènes continuent d’être un problème à Kinshasa. Selon cette étude, les femmes qui sont victimes des VBG ne recourent pas souvent aux structures d’aide formelle et quand elles le font, elles recourent aux structures d’aide informelle notamment les amies, frères et membres de famille sans pour autant aller voir les structures de santé, juridique et la police.
Présent lors de la diffusion des résultats de l’enquête PMA-RDC phase 4, le ministre provincial de la Santé de la ville de Kinshasa a promis que les données de cette enquête seront mises à contribution pour l’amélioration de services de planification familiale et de l’accès aux services d’avortement sécurisé. Ces informations permettront aussi au gouvernement provincial d’orienter sa politique sur la santé publique, a-t-il ajouté.
La Directrice du Programme national de santé de reproduction (PNSR), Mme Anne-Marie Ntumba, a, quant à elle, insisté sur la mutualisation des efforts entre l’Etat congolais et les partenaires à ce projet pour des meilleurs résultats sur la planification familiale, l’avortement et les violences basées sur le genre.
Djodjo Vondi