Pendant que la population attend la nouvelle équipe gouvernementale, plusieurs observateurs de la vie politique congolaise exhortent le chef de l’État Félix Tshisekedi à opérer des choix stratégiques en rupture avec les anciennes pratiques de gouvernance. C’est le cas notamment de David Kabeya, enseignant et chercheur à l’Université protestante au Congo (UPC).
Pour ce juriste, le chef de l’État devrait opérer un “casting judicieux” qui dépasse les logiques de quotas géopolitiques, d’appartenances partisanes ou de clientélisme, pour privilégier la compétence, la probité et la vision.
L’objectif visé est de jeter enfin les bases de véritables institutions inclusives, seules à même de sortir le pays de son cycle historique de sous-développement.
Ayant pris comme point de départ la commémoration du 65e anniversaire de l’indépendance du pays, l’enseignant David Kabeya dresse un bilan critique du chemin parcouru depuis 1960. Malgré l’alternance démocratique enregistrée en 2018, la RDC continue de faire face aux mêmes maux : instabilité politique, mauvaise gestion des finances publiques, insécurité persistante dans l’Est, carence criante d’infrastructures de base, pauvreté structurelle.
Pour David Kabeya, cette stagnation s’explique avant tout par l’échec des dirigeants successifs à mettre en place un système institutionnel fonctionnel et inclusif. De Mobutu à Laurent-Désiré Kabila, de Joseph Kabila à Félix Tshisekedi, le pays semble piégé dans une répétition cyclique des mêmes crises, chaque régime dénonçant le précédent sans jamais réformer le système de manière structurelle.
Par ailleurs, au-delà du chef de l’État, David Kabeya appelle également le peuple congolais à jouer son rôle, en s’impliquant activement dans la construction démocratique du pays. Il l’invite à dépasser les réflexes tribaux et complaisants, qui ont trop souvent servi de terreau à l’incompétence politique.
“Le Congo émergent doit être le Congo de la méritocratie, le Congo des valeurs humaines”, a-t-il insisté. Pour ce faire, tous les acteurs dirigeants politiques, société civile, intelligentsia, citoyens doivent converger vers un même objectif : l’édification d’un système inclusif fondé sur l’équité, la justice, la transparence et l’efficacité.
Daniel Aloterembi