Vingt-cinq ans après la guerre des six jours à Kisangani, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), les victimes attendent toujours justice, vérité et réparations. À cette occasion, Amnesty International a publié un rapport accablant dénonçant l’absence totale de justice pour les centaines de civils tués et les milliers de blessés lors des affrontements entre les armées ougandaise et rwandaise en juin 2000.
Intitulé « Le Congo, ça n’émeut personne ? » 25 années sans justice pour la guerre des six jours à Kisangani, le rapport documente l’inaction des autorités congolaises et de la justice internationale, et dénonce l’impunité persistante. Selon Amnesty, aucun responsable n’a été poursuivi, malgré les centaines de civils tués, les milliers de blessés et les violences sexuelles documentées.
« Il est absolument inacceptable que, pendant 25 ans, pas une seule personne n’ait été amenée à répondre de ces crimes », a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.
La guerre des six jours, en juin 2000, fut la plus intense d’une série de conflits qui ont ravagé Kisangani entre août 1999 et juin 2000. À trois reprises, les armées ougandaise et rwandaise se sont affrontées dans cette ville stratégique, au prix de lourdes pertes civiles. Des tirs d’artillerie aveugles ont frappé des zones densément peuplées, sans distinction entre civils et combattants.
La Cour internationale de justice (CIJ) a bien condamné l’Ouganda en 2022 à verser des réparations pour son implication dans la guerre, mais les indemnisations ne sont distribuées que depuis 2024, avec de nombreux retards et problèmes de gestion, rapporte Amnesty International. Le Fonds spécial congolais chargé de cette mission (FRIVAO) peine à remplir son rôle.
Amnesty International appelle, par ailleurs, les autorités congolaises à ouvrir des enquêtes et à poursuivre les personnes impliquées dans les crimes de Kisangani. Ce 25e anniversaire est pour beaucoup un rappel douloureux : sans vérité ni justice, les plaies restent béantes.
Djodjo Vondi