Provinces

Beni : 2 jours après leur assassinat, les dépouilles du colonel Vita Kitambala et Jean-Marie Liso levées du lieu de drame

113Views

Tués et gardés par la population qui les soupçonnait d’être des assaillants à Lume, commune du territoire de Beni (Nord-Kivu) où ils venaient de s’installer pour une mission de sensibilisation sur les opérations militaires, les corps sans vie du colonel des Forces armées de la RDC, Vita Kitambala et de l’ex-chef milicien de l’UPLC (Union des patriotes pour la libération du Congo), Jean-Marie Liso, ont été levés du lieu du drame lundi 18 janvier par les forces de l’ordre et de sécurité, soit deux jours après leur assassinat.

Pourtant, Vita Kitambala et Jean-Marie Liso étaient arrivés en commune de Lume dans une mission officielle et habituelle de sensibilisation des jeunes à ne pas adhérer à des groupes armés et des autres d’être favorables au processus de reddition volontaire, apprend-on des sources sécuritaires.

Les victimes travaillaient dans la cellule des « opérations psychologiques » des opérations Sukola 1 des Forces armées de la RDC, engagées dans la traque des groupes armés dans le grand nord de la province du Nord-Kivu. Cette branche, composée des civils et militaires a pour objectif de sensibiliser la population d’avoir une même perception sur le déroulement des opérations, pour sa réussite. Il s’agit d’une branche à part entière qui œuvre avant, pendant et après les opérations.

Qui étaient les victimes ?

Le colonel Vita Kitambala était vice-président de la sous-commission de sensibilisation des groupes armés pour sa connaissance des questions des groupes armés dans l’Est de la RDC. Avant d’intégrer les Forces armées de la RDC lors de la réunification du pays vers 2003, Vita Kitambala était chef de la milice Mai Mai (portant son nom) très active dans la grande partie du grand nord. Son groupe proche (à l’époque) de la rébellion Rassemblement des congolais pour la Démocratie/Kisangani-Mouvement de libération (RCD/K-ML) de Mbusa Nyamwisi, avait barré la route à la progression des troupes du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba de l’Ituri à Beni. Son influence sur plusieurs groupes armés dans l’Est du pays l’a conduit au dialogue de Sun City d’où il a pris la ferme décision d’intégrer, avec toutes ses troupes, les forces loyalistes au grade de colonel.

Jean-Marie Liso était coordonnateur de l’UNPC (Union des patriotes pour la libération du Congo), une milice composée de plusieurs autres petits groupes armés de Mai Mai, active dans le sud du territoire de Beni et une partie de Lubero. Lui avec des centaines de ses éléments ont manifesté le besoin de déposer les armes. Leur camp de cantonnement est basé à Kalunguta sur la route Beni-Butembo, où ils attendent encore le processus de DDRC (Désarmement, démobilisation et réinsertion communautaire).

Tous étant des anciens chefs rebelles, ils auraient été sollicités par les autorités pour la sensibilisation à d’autres groupes armés d’adhérer au processus de reddition volontaire, notamment à Bulongo, Lume et dans d’autres entités en secteur de Rwenzori. Ils auraient déjà établi des contacts avec une certaine milice « Ouragan » opérant dans l’axe Bulongo-Loselose dont les avancées seraient significatives. Ce groupe serait auteur d’une attaque contre les Fardc à Bulongo dans le dernier trimestre de l’année 2020.

Défis sécuritaires, obstacle au processus de reddition

Dans la commune de Lume où le meurtre de deux personnalités a eu lieu, la confiance n’est pas au zénith entre la population et les militaires. L’absence totale de l’Etat en est la preuve éloquente, premièrement. Le bourgmestre, les agents de l’Agence nationale de renseignements et de la police ont déjà quitté ce lieu suite aux menaces proférées à leur égard par certains jeunes, déplore Wilson Batoleni, président de la société civile en secteur de Rwenzori. Les militaires basés dans la zone seraient empêchés d’effectuer des patrouilles dans toutes les communes pour éviter des affrontements avec les civils.

Deuxièmement, la recrudescence des attaques rebelles rend les villageois méfiants face aux personnes qui leur sont étrangères. Cette attitude est renforcée par l’ignorance qu’ils entretiennent du déroulement des opérations contre le groupe armé Forces démocratiques alliées (ADF), soutiennent certains analystes.

Du côté de l’armée, l’on pense que la population serait déjà infiltrée. Elle s’en tient au lynchage de 10 militaires sur une période d’un mois.

Dans leurs différentes interventions, les autorités continuent à appeler la population à « ne pas jouer le jeu de l’ennemi ».

Cependant, l’indifférence de la population risque de compromettre le déroulement des opérations en cours contre les rebelles de Forces démocratiques alliées (ADF) qui semblent intensifier leurs attaques contre les civils dans cette région, reconnaissent les autorités militaires qui appellent les leaders locaux à renforcer la sensibilisation pour vaincre la guerre contre les ADF.

Delphin Mupanda/correspondant de MCP au Nord-Kivu

Laisser un commentaire