Dans un entretien ce mercredi 5 février 2025 avec MCP, Eugène Diomi Ndongala a fait des propositions politiques et diplomatiques pour résorber la crise multiforme qui frappe la République démocratique du Congo à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, victime de l’occupation de l’armée rwandaise.
Concernant les solutions politiques, le président national de la Démocratie chrétienne (DC) propose :
Un Dialogue national inclusif et réconciliation
Mise en œuvre urgente d’un dialogue sous médiation neutre :
- Impliquer l’Église catholique (Cenco) et l’Église du Christ au Congo (ECC), reconnues pour leur observation impartiale des élections, comme facilitateurs clés.
- Inclure les acteurs politiques, la société civile, les femmes, les jeunes, et les représentants des provinces en crise (Nord-Kivu, Ituri, Sud-Kivu).
- Aborder la crise de légitimité post-électorale en intégrant les conclusions du rapport Cenco-ECC sur les fraudes massives (duplication de bureaux de vote, machines à voter détournées, 2,4 millions d’électeurs fictifs).
Réformes électorales urgentes
Audit indépendant de la Ceni :
- Créer une commission mixte (UA, ONU…) pour enquêter sur les fraudes et restructurer la Ceni, en clarifiant son indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif.
- Sanctionner les responsables de fraudes (ex.: détournement des machines à voter, achats de conscience), comme recommandé par la Cenco.
- Adopter une nouvelle loi électorale interdisant les candidatures multiples et garantissant un fichier électoral audité par des tiers.
Renforcement constitutionnel
Respect de la Constitution de 2006 :
- Rejeter toute révision unilatérale pendant l’état de siège et conditionner les modifications à un référendum inclusif.
- Appliquer l’article 69 pour exiger du président qu’il garantisse l’unité nationale et lutte contre la corruption, conformément à son rôle constitutionnel.
Justice transitionnelle et lutte contre l’impunité
Création d’un tribunal spécial mixte :
- Juger les crimes économiques (détournements de fonds miniers, surfacturations) et les violences post-électorales, avec appui de la CPI.
Relance économique structurante
Plan d’urgence agricole :
- Réallouer les fonds miniers vers l’agriculture (120 millions d’hectares sous-exploités) pour réduire les importations et stabiliser les prix.
- Collaborer avec des partenaires comme la Banque Mondiale pour des projets locaux.
Stabilisation monétaire :
- Contrôle du taux de change.
Solutions diplomatiques renforcées
- Signature d’un Traité International pour la Paix
Négocier un accord régional contraignant :
- Impliquer l’UA, l’ONU, et l’EAC pour garantir le retrait des forces étrangères (Rwanda, Ouganda) et le désarmement des groupes armés (M23, AFC).
- Intégrer des observateurs militaires neutres (Sadc) pour surveiller les frontières et les zones minières.
Sanctions ciblées et pressions économiques
Geler les actifs des acteurs complices :
- Appliquer des sanctions de l’UE et des États-Unis contre les réseaux financiers liés au pillage des ressources (ex : traçabilité du coltan via l’ITIE).
- Suspendre les accords commerciaux avec le Rwanda (ex : accord UE-Rwanda sur les minerais) tant que Kigali soutient le M23.
Réforme de la Monusco et intervention régionale
Redéploiement stratégique de la Monusco :
- Prioriser la protection des camps des déplacés (7,2 millions de personnes) et sécuriser les axes humanitaires.
- Coordonner avec la Force de la Sadc pour une offensive ciblée contre les Fdlr et l’AFC.
Défis spécifiques à surmonter au dialogue intercongolais
Question de la légitimité du pouvoir :
- Organiser des élections transparentes avec observation de la Cenco-ECC.
- Restructurer la Ceni.
Cohésion sociale :
- Campagnes nationales contre le tribalisme, avec implication des leaders religieux et des médias communautaires.
- Intégrer les jeunes via des programmes d’emploi (ex : réhabilitation des infrastructures minières de la Gécamines).
Gestion des ressources naturelles :
- Nationaliser les contrats miniers opaques et auditer les partenariats avec des sociétés étrangères (ex : entreprises chinoises au Katanga).
En conclusion, selon Eugène Diomi Ndongala, notable Ne Kongo, la sortie de crise exige une double approche :
- Interne : Un dialogue inclusif piloté par des acteurs crédibles (Cenco, ECC), couplé à des réformes structurelles (Ceni, justice, économie).
- Externe : Un traité international contraignant pour stopper l’ingérence régionale et pénaliser le pillage des ressources.
Seule une synergie entre pression populaire (mouvements citoyens), volonté politique et soutien international ciblé peut briser le cycle de violence et restaurer l’espoir pour les 100 millions de Congolais.
Cette analyse, poursuit-il, « intègre les alertes du document intitulé « Donnons une chance à la paix » que j’ai publié en mai 2024, sur la fraude électorale, le conflit en cours et l’urgence humanitaire, tout en proposant des mécanismes concrets pour y répondre ».
Il s’agit du dialogue entre Congolais et la signature d’un traité international pour la paix : « la seule voie pour résoudre la crise politique, socio-économique et sécuritaire en RDC ».
Dans cet ouvrage, il a tiré la sonnette d’alarme que la République démocratique du Congo (RDC) traverse une crise multidimensionnelle qui menace son avenir. « Les élections contestées de 2023-2024, la stagnation économique, les menaces sécuritaires et les millions de déplacés de guerre illustrent l’urgence d’agir. Pour sortir de cette impasse, un dialogue national inclusif et un traité international pour la paix sont indispensables », avait-il prédit.
La paix a un coût, reconnaît ce disciple d’Étienne Tshisekedi, « mais il est nécessaire de le payer pour offrir un avenir meilleur aux générations futures.
Unissons nous, dialoguons et sauvons le Grand Congo », a définitivement conclu Eugène Diomi Ndongala.
LM