La société civile d’Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni (Nord-Kivu), a décrété 3 journées « ville morte » à dater de lundi 29 juillet 2024. Il s’agit d’une action décidée au lendemain des tueries d’une centaine de personnes dans les villages environnants d’Oïcha, attribuée aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé d’origine Ougandaise, affilié à l’État islamique.
C’est une façon de dénoncer le silence du gouvernement Congolais face au regain des massacres des personnes civiles et l’inaction de certains militaires engagés dans la zone.
Lundi 29 juillet, la première journée de la manifestation a été par une forte timidité. Les activités sont restées paralysées dans presque tous les secteurs. Les portes des boutiques, les magasins, kiosques et tous les autres maisons de commerce sont restés fermées. Le marché désert et les étalages vides.
« Nous avons décidé de suspendre les activités pour dénoncer le regain des massacres aux alentours d’Oïcha. Les autorités semblent être insensibles à la souffrance que nous traversons. Notre voix n’est pas entendue et c’est une façon de la faire entendre autrement auprès des autorités… », a expliqué Kasereka Ndivitho Mape, un commerçant au marché d’Oïcha.
« Nous ne réclamons que la paix. Que les autorités s’efforcent pour stopper cette hémorragie sécuritaire. Les gens ont été assez tués. C’est quelle situation de vie ça ? », a soulevé madame Josée, habitante d’Oïcha.
Pour la société civile, ces 3 jours sont des journées de deuil des personnes, victimes de ce qu’elle qualifie d’« irresponsabilité » des autorités congolaises.
« C’est une façon pour nous de pleurer les nôtres tués sans aucune défense. Imaginez-vous, une centaine de personnes tués en quelques jours, sans aucun message de la part du gouvernement central. Apparemment, le gouvernement n’a jamais été préoccupé par cette question », s’est exclamé Darius Syayira, le rapporteur général de la société civile d’Oïcha.
Les autorités ont pourtant interdit cette manifestation. Dimanche, à l’issue d’une réunion qui a accouché d’une souris, l’administrateur du territoire de Beni, a lancé des messages sur les antennes des radios locales appelant au boycott de cette action. Malgré cet appel, tout est resté paralysé même en ce deuxième jour de manifestation.
La société civile a évalué à 90 % le respect de son mot d’ordre, promettant d’évaluer la situation mercredi 31 juillet.
Delphin Mupanda/MCP, Nord-Kivu