L’ instruction du dossier sur le double meurtre de deux activistes des droits de l’homme, Floribert Chebeya et de son chauffeur, Fidèle Bazana, tués le 1er juin 2010 à l’Inspection générale de la police, où ils avaient rendez-vous avec le Général John Numbi, patron de la police de l’époque, s’est clôturée le mercredi 09 février à la prison militaire de Ndolo.
Cette audience a été marquée par la déposition d’ Éric Kibumbe, un autre policier impliqué dans ce meurtre. En cavale à l’étranger depuis plusieurs années, il a été rapatrié à Kinshasa fin janvier dernier. Devant la Haute Cour militaire siégeant au second degré sur cette affaire, il a fait une déposition allant dans le même sens que celles faites par les autres prévenus.
Le policier Eric Kibumbe a notamment affirmé qu’ils ont été reçus avant et après l’élimination de deux activistes par le Colonel Daniel Mukalay. Le colonel Mukalay qui comparaît à ce procès comme renseignant, continue de nier son implication dans ce double meurtre. D’après lui, c’est le Général John Numbi ( patron de la police de l’époque) qui donnait directement les instructions le jour de l’opération au Major Kenga Kenga Christian ( chef de l’équipe qui a exécuté les deux activistes).
Pour le Ministère public et les parties civiles, au regard de la convergence des dépositions des prévenus et des renseignants, le Colonel Daniel Mukalay est la pièce maîtresse du double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Le Ministre public pense même que le Colonel Mukalay, condamné au premier degré à la peine de mort dans cette affaire, a la chance que sa peine a été réduite en appel à 15 ans de prison.
» Vous saviez, votre chance, c’est d’avoir été condamné à 15 ans alors qu’il a été prouvé que vous étiez le grand planificateur. C’est vous, Colonel Daniel Mukalay qui était la pièce maîtresse de ces assassinats », a déclaré le Ministère public, fustigeant au passage l’attitude du Colonel de nier sa participation dans ce double meurtre.
Pour les parties civiles, à cause de son degré de participation dans le double assassinat, le Colonel Daniel Mukalay, devait être radié de la Police Nationale Congolaise.
« La responsabilité de Mukalay n’est plus à démontrer parce qu’il y a un arrêt de la Haute Cour militaire coulé en force de la chose jugée qui le condamne comme assassin. Nous regrettons toujours qu’il se soit tiré avec 15 ans de prison seulement alors que c’est un monsieur qui devait être exclu de la police », a déclaré Maître Élie Mbikayi, coordonnateur adjoint des parties civiles.
Et de poursuivre : » c’est regrettable parce que si à l’époque, nous avions tous les éléments que nous possédons aujourd’hui, il ne s’en tirerait pas avec 15 ans de prison. Il devait être condamné à la plus forte peine consécutive au double assassinat de Chebeya et Bazana. Dommage que les carottes sont déjà cuites. Il s’en est tiré avec 15 ans de prison. Il garde les galons, mais je crois que l’administration devra faire son travail. Quelqu’un qui est condamné pour double assassinat, lui laisser la tenue et les soldes payées par les contribuables congolais, c’est fort regrettable ! ».
C’est le mercredi 16 février 2022 que le Ministère public fera son réquisitoire et les parties plaideront. Dans cette affaire, les prévenus sont Christian Ngoy Kenga Kenga, Jacques Mugabo et Paul Mwilambwe.
Djodjo Vondi