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Ituri : retard dans l’exécution du PDDRC-S, la société civile de Djugu craint la reprise des hostilités par les groupes armés

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La société civile du territoire de Djugu, province de l’Ituri, craint que les différents groupes armés signataires des actes d’engagement de non hostilités reprennent des armes suite au retard enregistré dans le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S).

Lobi Tsubavile Flavien, président de cette structure, demande au gouvernement congolais d’accélérer le processus afin que les armes qui circulent encore illégalement soient remises aux autorités pour mettre fin à des tensions intercommunautaires, à la base des violences meurtrières dans cette entité depuis plusieurs années.

« En territoire de Djugu, la guerre comme telle a pris fin. Il n’y a que la difficulté des armes qui ne sont pas encore remises. Elles sont encore détenues par les groupes, des civils alors qu’il s’agit d’une émanation seule des militaires. Il y a un retard que le gouvernement vient de faire dans le PDDRC-S. On ne sait pas s’il s’agit d’un problème politique ou d’ordre financier. Nous voulons habiter ensemble, une cohabitation pacifique dans toutes les communautés de Djugu ».

Le gouvernement ne respecte pas sa part

Cependant, malgré la signature des actes d’engagement de non hostilité par les membres des différents groupes armés dans la province de l’Ituri, des cas d’attaques sporadiques sont encore déplorées et les déplacés vivent encore dans des sites. Au moins 400 000 personnes vivent dans une trentaine de sites sur l’ensemble de la province de l’Ituri, dont nombreux sont situés dans le territoire de Djugu.

La société civile appelle les leaders politiques congolais à la sincérité dans la démarche pour la restauration de la paix. Tsubavile Flavien dénonce que le chronogramme des activités n’a pas été respecté par le gouvernement congolais malgré la signature des accords de paix.

« Quand les politiciens sont en train de vous initier à signer quelque chose, ils savent que ça ne vas pas se faire rapidement, ils vous trompent que ça va venir dans un mois. Un mois devient une année, deux ans ou dix ans. On peut se fatiguer. Les gens qui détiennent les armes sont privés de beaucoup de choses, à quoi vous vous attendez ? Il fallait les démobiliser et les réintégrer dans la vie civile. Le gouvernement ne respecte pas sa part », a-t-il expliqué.

Quand l’arme donne beaucoup de pouvoir…

Le gouverneur de la province de l’Ituri, le lieutenant-général Luboya Nkashama Johnny reconnait le retard enregistré dans la matérialisation du PDDRC-S. Il évoque le problème de moyen, notamment suite à l’organisation des élections générales au pays du 20 décembre 2023. Il rassure et précise que le gouvernement a choisi l’approche non militaire en organisant des sensibilisations aux membres des groupes armés à déposer les armes et des dialogues intercommunautaires, qui pourront aboutir à une justice transitionnelle.

« L’arme donne beaucoup de pouvoir. Au début, nous avons mis beaucoup de pression sur les membres des groupes armés, c’est-à-dire en menant des opérations. Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un problème de la guerre atypique. Tous ces groupes armés se retrouvent avec la population et là, il faut éviter des dégâts collatéraux et donc nous avons basculé vers l’approche non militaire. Nous sommes en train de les sensibiliser et organiser des dialogues. Il nous reste maintenant le dialogue intercommunautaire et peut-être pour aboutir à la justice transitionnelle, un autre pilier du PDDRC-S. Il faut non seulement la réparation, mais aussi la réconciliation », a précisé le gouverneur.

Le territoire de Djugu est depuis plusieurs années confronté à des tensions intercommunautaires. Une situation qui se caractérise par des affrontements entre les groupes armés dits d’autodéfense intercommunautaires, à la base de plusieurs centaines de morts et des milliers de déplacés de guerre. Malgré une accalmie observée aujourd’hui sur terrain, plusieurs villages restent quasiment inhabités.

Delphin Mupanda/MCP

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