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Cimenterie : pas de recette miracle pour sauver la Cinat

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Depuis l’arrêt définitif de son usine en 2011, la Cimenterie nationale de Kimpese (Cinat SA), société d’économie mixte, attend toujours la mise en œuvre d’un plan d’urgence de relance de ses activités. En tournée dans la province du Kongo Central, le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, candidat à la présidentielle de 2023, a promis de redémarrer le mastodonte. Douze ans après, cet ancien fleuron de l’industrie cimentière continue à occuper une place stratégique dans les efforts de redynamisation de l’industrie congolaise. Pourtant, aucune initiative n’a permis de sauver l’entreprise, et même la perspective d’un désengagement du capital de l’État, annoncée avec faste en 2008, est restée lettre morte.

C’est une histoire qui se répète, sans changer la situation de précarité de la Cinat. En 2018, dans un contexte de campagne électorale, la haute direction générale de la Cinat et la notabilité de la cité de Kimpese ont dévoilé au Président Tshisekedi, alors candidat à la magistrature suprême, la situation macabre de l’entreprise : endettement excessif, personnel impayé, outil obsolète, etc.

Pendant son quinquennat, il y a eu des initiatives, notamment le passage du premier ministre de l’époque, le professeur Ilunga Ilunkamba, pour confirmer la volonté du nouveau Président de la République de résoudre enfin le problème de la Cinat à travers le ministère du Portefeuille.

Par la suite, on a parlé d’un contrat d’amodiation, qui a redonné de l’espoir à la communauté de Kimpese et même de l’ensemble du territoire de Songololo, situé dans le district des cataractes.

Il y a un projet de relance qui a vu le jour, et a été adopté par le Conseil des ministres de l’époque. Il faut parler également de ce partenariat controversé, qui a donné lieu à une descente d’une commission parlementaire sur le terrain, et à un conflit judiciaire qui s’est soldé par l’occupation du site industriel par les forces de sécurité.

En bref, l’usine n’a plus repris du service depuis son arrêt définitif en 2011. Sans surprise, le passage du Président de la République, candidat à sa propre succession, redonne un nouvel espoir de dénouement au cours des prochaines années. Mais des interrogations fusent de partout.

Dotée d’une capacité de production de plus de 300 000 tonnes par an, la Cinat déversait plus de 1000 tonnes de ciment par jour, soit 20 400 sacs de 50 kg par jour. Aujourd’hui, les avis convergent sur la nécessité de diligenter un audit technique.

Par ailleurs, le retour du géant sur le marché du ciment est impensable sans une restructuration complète. Sur ce point précis, le Gouvernement peine à mettre en exécution sa décision de se désengager du capital de l’entreprise. En 2008, la relance de la Cinat, en l’absence des sociétés privées PPC et Cimko qui n’existaient pas encore, nécessitait un désengagement de l’État. A l’époque, il détenait 93 % des actions de l’entreprise. Des années de négociations n’ont pas permis d’avancer, et l’entreprise a cessé d’exister.  Un vrai débat s’impose donc sur les zones d’ombre dans le projet de relance de l’une des plus grandes usines de ciment de la RDC.

Laurent Ifayemba  

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