Les femmes du Nord-Kivu se mobilisent contre les violences numériques dont elles sont de plus en plus victimes. Cet engagement a été exprimé mardi 25 novembre 2025 à Beni, lors du lancement de la campagne « 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes ».
La journée a débuté par une caravane partie du rond-point ENRA, passant par le boulevard Nyamwisi, jusqu’à la salle Laudatosi où une conférence a réuni plusieurs organisations féminines. Les participantes ont appelé la population à dénoncer les auteurs de violences basées sur le genre (VBG).
Selon Noëlla Nzala Maghundu, coordonnatrice de l’organisation Tendo La Roho, cette mobilisation vise à faire entendre la voix des femmes victimes de violences physiques, psychologiques ou numériques.
« Cette journée marque la dénonciation de toutes les formes de violences que nous subissons, que ce soit de la part des groupes armés ou d’autres bourreaux. Nous poursuivons une lutte engagée depuis longtemps », a-t-elle déclaré.
Pour Safi Mughole, de la Dynamique des femmes juristes, l’enjeu est d’encourager la dénonciation afin de lutter contre l’impunité.
« Une communauté informée est une communauté forte. Dénoncer un acte de VBG permet déjà d’en prévenir d’autres », a-t-elle affirmé.
L’insécurité, un facteur aggravant
La persistance de l’insécurité dans l’Est de la RDC continue d’alimenter les violences basées sur le genre. Maître Ruth Sabuni, cheffe de bureau a.i. du genre, famille et enfant au Nord-Kivu, appelle les communautés à soutenir les personnes rendues vulnérables par les déplacements. Elle plaide pour une amélioration de la situation sécuritaire afin de renforcer la lutte contre les VBG.
« Une population qui vit dans l’insécurité ne peut pas se développer. Les jeunes filles, par exemple, se retrouvent parfois poussées vers des maisons de tolérance pour survivre, tandis que d’autres sont exploitées à cause de leur vulnérabilité », a-t-elle expliqué.
Un accent particulier sur les violences numériques
La campagne « 16 jours d’activisme », organisée chaque année du 25 novembre au 10 décembre, met en 2025 l’accent sur les violences numériques : harcèlement en ligne, cyberviolence, diffusion non consentie d’images, intimidation et exploitation.
Cette initiative mondiale combine sensibilisation, plaidoyer, mobilisation communautaire et actions pour encourager des réformes législatives et pratiques. Elle appelle les États, organisations et citoyens à s’engager concrètement.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près d’une femme sur trois dans le monde subira une violence physique ou sexuelle au cours de sa vie. La montée des violences numériques constitue désormais un défi majeur.
Delphin Mupanda / MCP, Nord-Kivu















