Les violences armées se poursuivent dans l’Est de la République démocratique du Congo, où les affrontements opposent les Forces armées de la RDC (FARDC), appuyées par les groupes d’autodéfense Wazalendo, aux rebelles de l’AFC/M23, d’une part, et aux combattants des ADF, de l’autre.
Alors que des morts sont signalés presque chaque jour au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, les hôpitaux voient affluer un nombre croissant de blessés en quête de soins urgents.
Un hôpital de Beni sous pression
À l’hôpital général de référence de Beni, la plus grande structure sanitaire de la ville devenue chef-lieu provisoire du Nord-Kivu depuis la chute de Goma, de nouveaux blessés arrivent quotidiennement.
Le pavillon construit et géré par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) prend en charge toutes les catégories de patients : civils comme combattants.
Nombre d’entre eux parcourent de longues distances pour accéder aux soins après la destruction ou le pillage des structures sanitaires de leurs localités.
C’est le cas de Keveretwa Gentil, originaire de Walikale, à près de 600 km de Beni.
« Nous étions en plein combat contre le M23 à Walikale quand j’ai été touché par balle. J’ai été récupéré à Kibua par le CICR et transféré ici. J’étais dans un état critique, sans espoir de guérir. Aujourd’hui, on soigne ma plaie comme il faut, ce que je ne recevais pas là-bas », témoigne-t-il.
Blessés de différents fronts
Kabuka Kalobwa, combattant d’un autre groupe armé, a été évacué depuis Kathasoma, dans le territoire de Kalehe (Sud-Kivu), à près de 400 km de Beni.
« J’ai été gravement fracturé à la jambe lors d’un affrontement. Ici, nous sommes bien pris en charge et soignés gratuitement. Chez nous, il faut payer des montants que les familles ne peuvent pas réunir. Beaucoup meurent faute de soins », explique-t-il.
Le pavillon du CICR accueille également des civils. Muhindo Kachelewa, victime d’une attaque de bandits à son domicile à Oïcha, vient d’être amputé de la jambe droite.
« J’ai été transféré ici après un passage à l’hôpital d’Oïcha. Les soins sont intensifs et adaptés à la gravité de mes blessures. Nous sommes bien pris en charge », confie-t-il.
Une prise en charge débordée
Depuis 2019, le CICR a installé un pavillon dédié aux blessés du conflit au sein de l’hôpital général de Beni. Initialement conçu comme centre de stabilisation, il est devenu un centre complet de prise en charge. Le nombre de patients ne cesse de croître.
Selon Muhindo Kalumbi Samson, infirmier au pavillon : « Nous recevons tous les blessés ayant moins de 30 jours, qu’ils soient civils ou combattants. Ils viennent de Walikale, Masisi, Mwenga, Bunyakiri, Lubero… Beaucoup arrivent parce que les structures de santé dans les zones de combat sont détruites ou abandonnées. Avec l’intensification des combats et la prise de Goma, l’hôpital de Beni est débordé. Depuis le début de l’année, nous avons déjà pris en charge environ 1 800 patients. ».
Des chiffres en hausse dans toute la région
L’afflux ne concerne pas seulement Beni. Dans l’ensemble des structures soutenues par le CICR dans l’Est du pays, les admissions augmentent depuis la recrudescence des combats.
D’après un rapport conjoint du gouvernement congolais et des organisations internationales, plus de 7 000 blessés ont été recensés dans les hôpitaux du Nord et du Sud-Kivu.
Les combats restent fréquents dans plusieurs localités, compliquant les efforts de paix engagés par la communauté internationale.
Delphin Mupanda / MCP, Nord-Kivu













