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mercredi, septembre 24, 2025
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Analyse – Tshisekedi à l’ONU : de la dénonciation à l’action collective, le nouveau défi pour la paix dans l’Est

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Le discours du Président Félix-Antoine Tshisekedi à la 80ᵉ Assemblée générale de l’ONU marque un tournant stratégique dans la manière dont la République Démocratique du Congo présente la crise de l’Est au monde. En ciblant à la fois les Nations Unies et les voisins de la RDC, le Chef de l’État repositionne le conflit non pas comme un problème interne mais comme une question de sécurité collective régionale.

Un changement de narratif assumé

Traditionnellement, Kinshasa dénonçait l’ingérence étrangère et appelait à la solidarité internationale, mais le discours de Tshisekedi va plus loin : il nomme les responsabilités (Rwanda, M23) et appelle à des mécanismes contraignants, comme des sanctions ciblées et des enquêtes internationales.

Cette évolution vise à replacer la guerre dans l’Est dans le cadre plus large de la sécurité régionale :

• Elle alimente des flux de réfugiés qui touchent les pays voisins.
• Elle favorise la prolifération des armes et des groupes armés transfrontaliers.
• Elle déstabilise les marchés et les corridors commerciaux de l’Afrique centrale.

L’appel aux voisins : entre coopération et pression

En invoquant le processus de Luanda et l’accord de Washington avec Kigali, Tshisekedi met les voisins devant leurs responsabilités.

• Pour le Rwanda : la demande est claire – retrait des troupes et arrêt du soutien au M23.
• Pour les autres pays du bassin du Congo : implication accrue dans la sécurisation des frontières, le partage de renseignements et le démantèlement des réseaux de contrebande.

Cette approche combine coopération (dialogue, accords bilatéraux, initiatives régionales) et pression diplomatique, pour éviter que les engagements pris restent lettre morte.

L’ONU mise devant ses obligations

Sur la scène internationale, Tshisekedi a remis en avant le Rapport Mapping et plaidé pour une commission d’enquête internationale. Cela place l’ONU devant un dilemme :

• Soit rester dans un rôle de simple maintien de la paix (Monusco)
• Soit franchir le pas vers un rôle de garant de la justice internationale, en poursuivant les crimes commis depuis trois décennies

Ce second choix pourrait redonner de la crédibilité au multilatéralisme, souvent critiqué pour son impuissance face aux crises africaines.

Le véritable défi : passer des discours aux actes

Cette stratégie de repositionnement reste néanmoins tributaire de plusieurs facteurs :

• Volonté politique des États voisins : sans leur coopération, les résolutions resteront théoriques.
• Pression internationale : elle doit être soutenue et constante pour éviter les replis stratégiques.
• Capacité de la RDC : elle devra renforcer ses propres forces de défense et de sécurité pour tenir les zones libérées et éviter de nouveaux cycles de violences.

En clair, le discours de Tshisekedi trace la feuille de route d’une solution collective mais le succès dépendra de la traduction de ces engagements en actions concrètes sur le terrain.

Une opportunité pour relancer l’intégration régionale

Si elle est suivie d’effets, cette approche pourrait ouvrir la voie à :

• Une coopération militaire régionale plus intégrée (forces mixtes, patrouilles conjointes)
• Des programmes économiques transfrontaliers pour offrir des alternatives aux jeunes enrôlés dans les groupes armés
• Une diplomatie préventive plus proactive, afin d’éviter que les tensions ne dégénèrent à nouveau

Le président congolais a replacé la crise de l’Est dans un cadre plus large de sécurité collective et de responsabilité partagée. Le défi, désormais, est de transformer ce moment diplomatique en une dynamique d’action concertée. Sans résultats tangibles dans les prochains mois – retrait du M23, justice pour les victimes, réduction de la violence – ce cri d’alarme risque de rejoindre la longue liste des appels restés sans réponse.

 

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