La localité de Mavivi-Ngite, située dans le territoire de Beni en province du Nord-Kivu, a été la cible d’une attaque armée la nuit de mardi à mercredi 24 janvier 2024. Au total, 5 personnes ont été tuées, 2 autres blessées et un autre enlevée par les membres des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé d’origine ougandaise, affilié à l’État islamique, selon les autorités congolaises et les témoins.
Les assaillants, parmi lesquels des femmes et des enfants, habillés aux anciennes tenues militaires et en tenues civiles, porteurs des fusils et des machettes, avaient investi la localité aux environs de 19 heures, tirant dans tous les sens. Ils se sont livrés au pillage des maisons des civils qui ont fui les crépitements des balles.
“C’était vraiment des ADF parce qu’il y avait des enfants et des femmes. Je me suis retrouvé dans leurs mains, pensant qu’il s’agissait des civils en fuite. J’ai bousculé l’un de leurs enfants et un homme m’a attrapé pour me placer devant lui. Il m’a frappé avec son fusil sur la tête et je suis tombé. Quand ils ont voulu me poignarder, je me suis levé et je l’ai bousculé pour me dégager et m’en fuir”, témoigne Muhindo Emmanu, rescapé de cette attaque avec une blessure à la tête.
Mauvais présage après long moment d’accalmie
La localité de Mavivi-Ngite a connu près de trois ans d’accalmie. Les civils retournaient petit à petit dans la zone après des longs moments d’abandon suite à la recrudescence des attaques.
La société civile locale et les notables dans la zone estiment que cette incursion est une preuve de menace contre cette localité et ses environs (Vemba, Kinyamuseghe, Mayangose, Kadou…). Raison pour laquelle Makofi Bukuka Gervais appelle les autorités militaires à renforcer des effectifs de leurs troupes dans la zone pour empêcher d’éventuelles menaces.
Même son de cloche au sein de la société civile. Dans une déclaration rendue publique mercredi après cet incident sécuritaire, les coordinations urbaine et territoriale de cette structure demandent aux autorités militaires de toujours prendre au sérieux les alertes de la population sur le mouvement des suspects. Mais aussi, aux militaires, d’organiser des opérations de grande envergure contre les ADF qui semblent refaire surface ces jours dans le nord et est du territoire de Beni.
Intervention militaire pour limiter les dégâts
Les Forces armées de la RDC confirment que l’attaque a été menée par les ADF venus de la rivière Nzuma, dans la partie est. Elles confirment avoir stoppé l’avancée des assaillants et les pourchassent. Les FARDC regrettent cependant la mort de 5 civils et d’autres dégâts matériels. D’après le capitaine Anthony Mualushai, porte-parole des opérations Sukola 1, 3 assaillants ont été neutralisés et une arme AK 47 récupérée. L’armée annonce avoir également récupéré un des enfants emportés par les ADF, retrouvé blessé et placé sous traitement.
Certains habitants saluent l’intervention du contingent Tanzanien de la brigade de force d’intervention (FIB) de la Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco), venus de sa base Mavivi, à près d’un kilomètre.
La localité de Mavivi-Ngite était autrefois le théâtre des attaques des ADF. Plusieurs dizaines de civils y ont déjà été tués dans le passé, sans compter des maisons d’habitation incendiées ou détruites.
Delphin Mupanda/MCP, Nord-Kivu
