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Infrastructures : pas de nouveau programme sans une évaluation global

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L’un des axes prioritaires du second mandat du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, est le désenclavement progressif des provinces. Fruit de la renégociation du projet de la joint-venture sino-congolaise « Sicomines », une enveloppe de 7 milliards de dollars américains US devrait largement aider à accélérer ce processus budgétivore.

Joint par la rédaction le 24 janvier 2024, D. Yenga, un expert, déplore l’absence de détails sur les nouveaux termes de l’accord sino-congolais. En outre, il juge imprudent d’envisager un nouveau projet visant les infrastructures sans une évaluation des programmes précédents, dont le Programme de développement local (PDL-145 territoires) réalisé partiellement.

Samedi 20 janvier 2024, le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, a dévoilé sa grande vision sur les infrastructures de la RDC. Une enveloppe financière de 7 milliards de dollars américains US, obtenue dans le cadre de la renégociation du projet Sicomines, devrait être affectée à ces grands travaux.

Selon les chiffres de la Banque mondiale (BM), le pays doit affecter en moyenne quelque 5 milliards de dollars par an pour financer la réhabilitation et la reconstruction des infrastructures de base. Si la disponibilité d’une enveloppe financière conséquente rassure plus d’un Congolais, certains experts expriment tout de même des inquiétudes.

« Il y a eu tellement de bruits, et même tout un rapport accablant de l’inspection générale des finances, pour contraindre les deux parties, chinoise et congolaise, à renégocier les contrats. A cela, il faut ajouter les visites de travail des deux chefs d’Etat. Aujourd’hui, on nous annonce, dans la foulée d’un discours d’investiture, un accord de 7 milliards $ sans nous en dire plus sur les nouveaux termes de l’accord », explique D. Yenga. Pour lui, il est important de réunir toutes les informations utiles pour ne pas refaire les mêmes erreurs.

« Nous n’apprenons pas du passé. Et c’est bien dommage. L’accord de 2018 a été largement défavorable pour notre pays, qui n’a bénéficié que d’investissements de 822 millions de dollars dans les infrastructures contre près de dix milliards $ engrangés par les entreprises chinoises ».

L’autre inquiétude est liée directement à l’exécution des grands travaux sur l’étendue du territoire. Récemment, les déboires de la centrale électorale pour déployer toutes les machines à voter ont contribué à relancer le débat. Dans le cadre de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT), structure spécialisée en management des projets d’infrastructures, le bilan de 15 années de travail reste mitigé.

Maillon important au rayonnement du partenariat global stratégique entre la Chine et la RDC, on fait état de 106 projets mis en œuvre depuis 2008, représentant un portefeuille d’un peu plus de 3 milliards de dollars. Pour rappel, sa mission est de concevoir les ouvrages des projets dans différents secteurs : routes, voiries, architecture, ports, aéroports, etc. Dans le cadre du Programme Sino-Congolais, 15 autres projets ont bénéficié en 2022 d’un financement de 150 millions de dollars américains US (2022). Et un autre montant de 350 millions de dollars est également annoncé pour les prochains mois. D’autres contrats étaient en cours de préparation.

Après une période assez longue de léthargie, ces derniers travaux réalisés en phases apportent un complément au développement impulsé par le PDL-145 territoires, un autre programme toujours inachevé.

Laurent Ifayemba

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